Le procès Goldman France 2023 – 115min.
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“J’accuse”
En 1975, s’ouvre en seconde instance le procès de Pierre Goldman. Ce militant d’extrême gauche est notamment accusé de la mort, six ans plus tôt, de deux pharmaciennes, tuées lors d’un braquage à main armée.
« Je suis innocent, parce que je suis innocent ». L’argument avancé par le prisonnier condamné une première fois suffira-t-il à convaincre ? Regard perçant, mâchoire serrée, ce fils de résistants juifs polonais, ce guérillero raté, demande à n’être jugé que sur les faits, rien que les faits, et non sur sa personnalité trouble, son enfance bouleversée ou l’icône qu’il pourrait devenir.
Au tribunal ce soir, les comédiens s’avancent un à un pour répliquer. Juge, avocats, procureur, dans leur habit de lumière, débattent comme sur une scène. La verve est à l’honneur, d’autant plus que l’insoumis déclaré, dont les mémoires écrites en cellule sont un succès critique et populaire, manie l’éloquence avec art, comme ses défenseurs et attaquants. Ceux-ci n’hésitent guère à utiliser les mêmes armes que le camp adverse pour décrédibiliser les témoins qui se succèdent à la barre.
On pourrait craindre l’austérité de ces deux heures passées en cette cour d’appel. Mais la réalisation de Cédric Kahn est suffisamment astucieuse pour y échapper. Coiffures, costumes, la reconstitution soignée nous ramène sans peine à l’époque. Apparent est le gros grain de l’image qui parfois est en partie obstruée par le flou marqué d’une manche ou mèche de cheveu de l’auditeur écoutant celui qui a la parole. Au lieu de nous tenir à distance, ce procédé nous convie au cœur de la salle d’audience, dans la peau d’un juré ayant la lourde tâche de condamner ou non un homme dont il ne connaît rien. Anatomie d’une chute ou d’une résurrection ? Amusé, atterré, l’on assiste à ce jeu de la vérité politico-médiatique dans lequel s’agitent célébrités, groupies et détracteurs, avec en suspens la peine capitale. Cette histoire vraie n’est pas la nôtre, mais fait encore écho dans la France d’aujourd’hui décriant l’antisémitisme, le racisme et les violences policières. Quand sur le banc de la famille, un visage rajeuni nous interpelle. Jean-Jacques, demi-frère de Pierre, ne chante pas. Il attend.
(7.5/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 1 an
Déjà à cette époque 1976, la justice laissait à désirer, dérapait et lorsqu’elle avait un coupable tout désigné on arrangeait les preuves, détruisaient les alibis, influençait les témoins afin qu’ils mentent. L’enquête et le procès Goldman est de cette veine là. Superbement interprété c’est 2h de passion.
(G-19.10.23)… Voir plus
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