Only the River Flows Chine 2023 – 101min.

Critique du film

Dans les méandres de l’enquête

Critique du film: Damien Brodard

À la fin d’un parcours passant par de nombreux festivals depuis sa présentation à Cannes (Un Certain Regard) en 2023, le troisième film du réalisateur chinois de 33 ans Wei Shujun débarque dans les salles. Ce dernier transforme l’essai avec un polar rigoureux et à l’esthétique léchée, suivant un policier rongé par le doute.

Ma Zhe (Yilong Zhu), inspecteur de police dans une petite ville chinoise durant les années 1990, est chargé par sa hiérarchie d’élucider rapidement une affaire de meurtre. Ce qui n’était censé être qu’une formalité s’avère bientôt plus préoccupant : un sac à main abandonné, une cassette énigmatique ainsi que plusieurs témoins ne font qu’épaissir le mystère. Tourmenté par ce cas et par sa vie de couple, Ma Zhe peine alors à démêler le vrai du faux, se laissant sombrer dans une dangereuse incertitude.

Jeune metteur en scène prometteur, Wei Shujun livre avec Only the River Flows un polar austère, porté par une réalisation clinique. Globalement froid et distant malgré une indéniable maîtrise, il peut être délicat de s’impliquer émotionnellement dans ce long-métrage particulièrement aride, dont le récit fouillé, mais nébuleux sur certains aspects, pourrait bien perturber. Il n’en demeure pas moins que Wei profite de la noirceur de son film pour aborder en filigrane certaines problématiques de la société chinoise, comme la conformité de ses citoyens, offrant ainsi une belle épaisseur à son scénario.

En réalité, le film n’est jamais aussi séduisant et inspiré que lorsqu’il s’attarde l’enquêteur perdu dans une affaire qu’il ne parvient pas à résoudre, nargué par ses démons. C’est là que la mise en scène décolle et que Wei trouve son originalité, jusque dans ses choix de décors métaphoriques, à l’image d’une salle de cinéma transformée en commissariat, où l’on doit faire sens des images projetées, à moins que le protagoniste ne se soit enfermé dans un monde d’illusions. Quoique difficile d’accès, ce polar a de quoi intriguer pour l’avenir de son réalisateur!

08.07.2024

3.5

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 3 mois

“Le monde est flou”

En 1995, dans une petite ville chinoise, une vieille femme est retrouvée morte, égorgée. L’inspecteur Ma Zhe est appelé sur les lieux. Les suspects ne tardent pas à se succéder.

Il y a une pluie dense comme dans Se7en marquant le tempo d’une enquête qui avance trop facilement. Coup de chance ? Les inspecteurs un peu ploucs et sans grands moyens rappellent les Coréens de Memories of murders. Quant à l’absurde qui intervient, c’est à David Lynch qu’il fait penser. Tennis de table pour motiver les troupes, morceaux de viande pour y tester différentes lames, déplacement du commissariat dans un cinéma abandonné pour mieux le camoufler. Une fois installé sur scène, le bureau de police a tout d’un théâtre des illusions. Car les apparences sont trompeuses : les enfants mentent, les simples d’esprit deviennent dangereux, les amoureux se meurent, les hommes se font femmes et les cadavres tombent du ciel. La réalité se floute comme sur une photo bien trop lumineuse et la vérité s’évapore dans le doute. Les différents meurtres se rejouent sur pellicule et se troublent dans une mise en abyme. Comme le spectateur qui dans le flottement ambiant se perd aussi. Le puzzle a beau être complet et affiché fièrement au mur, l’on sait que des pièces sont manquantes, jetées dans les toilettes. Dans la première séquence, des gamins jouent au gendarme et aux voleurs dans un immeuble en pleine déconstruction. Casquette sur la tête et pistolet en plastique dans la main, le petit flic avance prudemment dans un couloir sombre traquant ses camarades échappés. En ouvrant la porte de fond, c’est dans le trou béant de la rue 10 mètres plus bas qu’il échoue de tomber. L’art du factice et la peur du vide poussent à l’artifice. Dans la vie, seule la rivière coule de source.

(6.5/10)
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Eric2017

il y a 3 mois

Ce film où il y pleut presque en permanence révèle le côté sombre de l'humain. Atmosphère glauque, grisâtre, l'enquête est longue et presque interminable. Malgré le sujet ce film qui se passe dans la chine des années 90 est assez ennuyeux. Peut-être que les aficionados seront comblés, mais ce n'est pas mon cas. (G14.07.24)Voir plus


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