Sauvages Suisse 2023 – 87min.
Critique du film
Un cri d’amour à la nature
Huit ans après «Ma vie de Courgette», sensation de la Quinzaine des réalisateurs en 2016, le réalisateur valaisan Claude Barras est de retour sur la Croisette avec son second long métrage en stop motion.
Jeune fille qui ne mâche pas ses mots, la jeune Kéria vit avec son père sur l’île de Bornéo, à la lisière de l’immense forêt tropicale. Un jour, elle voit une maman orang-outan se faire tuer sous ses yeux. Kéria récupère son bébé, qu’elle appelle Oshi. Alors qu’elle prend soin du petit singe, son cousin Selaï vient trouver refuge chez eux pour fuir le conflit qui oppose sa famille à des compagnies forestières qui veulent détruire la jungle. Accueilli sans enthousiasme par sa cousine, à l’école, Selaï est moqué et se fait traiter de «Sauvage». Il décide de fuguer pour retourner chez lui, entraînant Oshi et Kéria à sa suite. Dans la jungle, alors que Kéria renoue peu à peu avec ses racines, le trio va devoir affronter ceux qui coupent les arbres…
Tourné entre mars et septembre 2023 dans un dépôt de 2'500 m2 à Martigny, et présenté en séance spéciale à Cannes, «Sauvages» a été chaleureusement applaudit par le public. Le long métrage d’1h20 sera aussi en compétition au Festival d’Annecy, qui se déroulera au début du mois de juin. Conte familial et fable écologique, le film aborde ainsi les thèmes de la transmission entre les générations et de la déforestation. Le peuple Penan, duquel s’inspire directement Claude Barras et avec qui il a passé plusieurs semaines en immersion, s’est associé à l’écriture du scénario.
Ayant passé une journée sur le tournage à découvrir la création de ce fabuleux film d’animation en septembre dernier, l’excitation est à son comble lorsque le film démarre. Dieu, que ça passe vite! Alors que nous avons vu un animateur travailler plusieurs heures sur le trio de personnages qui marche sur un tronc d’arbre pour traverser une cascade, la scène est envolée en quelques secondes. Sachant désormais ce qui se passe en coulisses, on admire chaque petit mouvement, chaque tenue vestimentaire et accessoire réalisés en stop motion, chaque décors et effets spéciaux ajoutés en post-production par le département du compositing… Le travail sonore est tout aussi impressionnant, donnant encore plus de puissance à cette forêt ancestrale qui semble fourmiller de vie. Et puis tous ces détails techniques s’oublient, pour que seule l’histoire de «Sauvages» nous emporte, splendide récit écologique et poétique, teinté de pointes d’humour toujours bien amenées.
(Cannes 2024)
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Commentaires
“Ma vie de singe”
Dans la forêt de Bornéo, Kéria et son père assistent médusés à la mort d’une femelle Orang-outan, chassée par des bûcherons. Elle laisse derrière elle un bébé qu’ils recueillent secrètement. Il s’appellera Oshi.
En 2016, Claude Barras avait réussi à donner un cœur à une « courgette » et à émouvoir son monde. Il revient aujourd’hui avec une même histoire d’orphelin ancrée dans un contexte beaucoup plus exotique. S’il nécessite toujours un peu de temps pour s’habituer à ses figurines aux grosses têtes, grandes oreilles et yeux démesurés, l’animation artisanale et les décors impressionnent toujours autant. Le souci du détail s’illustre dans le rendu de la faune et de la flore de cette nature luxuriante. Une approche ethnologique plutôt sérieuse se distingue également. Les Penan parlent leur langue sans sous-titres, tout en utilisant des téléphones intelligents pour communiquer entre eux. Dans cet inconnu, les voix de Benoît Poelvoorde et Laetitia Dosch rassurent.
Malgré tout, le conte paraît plus naïf et à hauteur d’enfant que le premier film cité. Adopter un animal sauvage semble si facile ici. En dépit de cette douceur ambiante, des problématiques graves et actuelles sont abordées, comme la surexploitation des ressources, la menace de disparition des espèces et des populations indigènes au profit d’une monoculture dévastatrice, l’huile de palme. Ainsi, le terme « Sauvages » s’applique avant tout à ceux qui ne savent plus respecter leur environnement.
(6.5/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 6 jours
Un film magnifique, qui réussit le pari d'être super touchant et émouvant, sans être moralisateur sur les enjeux qu'il décrit (et décrie) : déforestation, massacre des orang-outangs, huile de palme. Et qui s'adresse tant aux adultes qu'aux enfants, ce qui n'est vraiment pas gagné d'avance.
Les marionnettes sont magnifiques et super émouvantes, et les décors époustouflants - surtout quand on sait que TOUT a été fait à la main.
Je me demandais si Claude Barras arriverait à faire un film aussi émouvant et bluffant que "Ma vie de Courgette" en 2026, mais c'est sur un terrain totalement différent qu'il nous emmène, avec quand même les mêmes préoccupation (quelle est notre vraie famille, la perte de la mère, etc.) et de façon totalement réussie.
À ne pas rater !… Voir plus
Aïe, je me suis beaucoup ennuyé en regardant ce film d'animation. Certes il dénonce une situation extrêmement grave, tout comme Watson emprisonné actuellement au Groenland pour avoir tenté d'empêcher le japon de continuer le massacre des baleines. Sur le fond ce DA a sa raison d'exister et de dénoncer. Mais malheureusement, en ce qui me concerne, j'ai trouvé que la synchronisation des voix sont en décalages-ne "collent" pas avec les personnages ce qui m'a empêché de bien rentrer dans l'histoire. Je suis sorti de la séance en me disant "BOF".... ce DA n'apporte rien de plus de ce que l'on sait déjà.... Je suis déçu. Je soulignerais quand même l'immense travail qui a été fait en mettant en mouvement et en tournant image par image des "objets" réels sans avoir recours aux technologies actuelles. (G-16.10.24)… Voir plus
Dernière modification il y a 16 jours
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