Kritik29. September 2022 Cineman Redaktion
Netflix : «Blonde» - Norma Jeane, la femme derrière Marilyn
De nombreuses années après le début de sa production et quelques débats dus à son contenu explicite, le film événement de la 79e Mostra de Venise, acquis par Netflix, est enfin dévoilé. Andrew Dominik livre une œuvre audacieuse dans laquelle resplendit Ana de Armas.
(Damien Brodard, depuis la 79e Mostra de Venise)
C’est un projet de longue haleine auquel le réalisateur Andrew Dominik met un terme avec brio. En adaptant le roman éponyme de Joyce Carol Oates, ses intentions sont claires : il n’est pas question de tourner un documentaire ou une succession de faits réels. À l’image d’un «Amadeus» (1984) ou plus récemment d’un «Spencer» (2022), Dominik aborde la figure de Marilyn Monroe par la fiction afin de capter un état d’esprit, étudier le ressenti d’un personnage.
Le scénario a donc pour originalité de se placer du point de vue de Norma Jeane, le véritable nom de l’actrice, et de faire de Marilyn une entité presque à part entière, mais partageant pourtant le même corps. En explorant les côtés les plus sombres d’Hollywood, des viols à l’exhibition du corps des femmes comme objets de désir, la plongée dans la psyché de l’icône est à la fois tragique et très crue. Un récit sans concession qui n’épargne pas le public.
Une maîtrise technique folle renforcée par une écriture acerbe...
Pour s’immiscer dans les yeux de Norma Jeane, la réalisation de Dominik déploie de nombreux outils, tous visant à traduire l’enfermement et le désespoir d’une femme broyée par le système et victime de son succès. En outre, le metteur en scène s’offre le luxe d’alterner à volonté les formats de cadre et de passer de la couleur au noir et blanc, par ailleurs sublime. En dépit de la beauté purement technique, la pertinence de ces changements incessants reste toutefois à justifier.
En outre, il faut évidemment louer l’actrice cubaine Ana de Armas qui décroche enfin un grand rôle et se fond parfaitement à la formidable direction artistique. Il est moins question de son imitation très convaincante que de sa capacité à s’accorder à l’intensité et à l’onirisme du film. Une grande performance qui la mènera sans nul doute aux précieux Oscars. D’une maîtrise technique folle renforcée par une écriture acerbe, «Blonde» risque toutefois de diviser en raison sa nature parfois provocante et rude, mais marquera grâce à sa bouleversante interprète et à de grands moments de cinéma… sur petit écran.
4/5 ★
Disponible le 28 septembre 2022 sur Netflix.
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