Kritik27. Dezember 2022 Cineman Redaktion
«Barbare» sur Disney+ : L’un des meilleurs films d’épouvante de 2022
L'histoire d'un Airbnb pas comme les autres avec Bill Skarsgård et Georgina Campbell.
(Une critique de Kilian Junker)
Depuis le rachat de 20th Century Pictures par la firme Disney, nous ne pouvons pas dire que le studio nous offre le fleuron de l’horreur. Outre les passables «Prey» et un «The Empty Man» un peu tiède, le reste s’est avéré quelque peu oubliable, notamment l’étrange «Les Nouveaux Mutants» qui ne trouvait jamais son ton. Pourtant, en 2022, c'est bel et bien sur Disney+ que sort «Barbare» qui s’impose, à l’aune du reste du cru horrifique 2022, comme l’un des meilleurs films d’épouvante de 2022 aux côtés de «Nope» et de «Men».
L’annonce de «Barbare» ne fait pas beaucoup de vagues : son réalisateur, Zach Cregger, est inconnu au bataillon. Ou presque… Il n’a en effet pour l’instant que coréalisé la comédie américaine «Miss March», passée complètement inaperçue en Europe. Et pourtant, depuis son arrivée sur Disney+ (le film n’aura eu aucune carrière salle de notre côté de l’Atlantique, malheureusement), le long-métrage fait largement parler. Les retours des séances tests sont excellents, les entrées cinéma aux États-Unis très bonnes et «Barbare» engrange très vite un très beau score au box-office, ainsi que des critiques élogieuses. Qu’en est-il réellement?
D’abord l’histoire, plutôt simple, qui pourrait se résumer en un crossover entre l’univers de Wes Craven et les déambulations souterraines de «The Descent». Tess (Georgina Campbell) loue un Airbnb et, arrivée sur place, elle découvre qu’il est déjà occupé par un jeune homme, Keith (Bill Skarsgård, qui jouait déjà le terrifiant clown du «Ça» adapté de Stephen King) … Il est alors évident pour le spectateur que Zach Cregger va l’entrainer vers un épisode de home-invasion, où la pauvre Tess se retrouverait coincée dans cette maison de location par cet étrange jeune homme.
Et pourtant pas du tout ! Le réalisateur va réussir, grâce à une histoire toutefois relativement linéaire dans sa narration, à déployer tout un univers passionnant s’étalant sur plusieurs temporalités différentes. Véritable tour de force, «Barbare» va s’articuler autour de trois parties, épousant chacune un filmage bien différent. Mais que dire sur ce film pour ne pas dérober au futur spectateur le délicieux effet de surprise(s) qu’il réserve?
D’abord que l’ouvrage est de qualité ! Outre le très bon choix de casting, dont une Georgina Campbell relativement peu connue (elle est déjà apparue dans l’anthologie «Black Mirror», mais aussi chez Guy Ritchie et son «Roi Arthur») et excellente dans son rôle, le film bénéficie d’une image splendide et de très bonnes idées de mise-en-scène. Si on aurait pu faire l’impasse sur certains jumpscares peu novateurs et si Cregger s’autorise quelques poncifs du genre (la lumière qui clignote au pire moment par exemple), il sait aussi parfaitement jouer avec les attentes du spectateur.
À mesure de l’avancée de l’intrigue, on croit comprendre où il nous mène, et pourtant il réussira à constamment nous faire tomber un degré plus bas dans le maelström d’horreur que nous propose «Barbare». S’il est évident que Cregger a digéré ses classiques (Carpenter jusque dans la musique, Wes Craven que nous évoquions plus haut, mais aussi Peter Jackson au sein de sa période horrifique…), il n’inscrit pas moins son film dans un commentaire sociétal jamais fanfaron. Questions raciales, place de la femme dans la société, gentrification des quartiers ou encore virilisme bas de plafond, Cregger parvient à les faire dialoguer avec son intrigue, bien loin du film à thèse qu’était par exemple le récent (et non déplaisant) «Candyman» de Nia DaCosta.
On lui passera les quelques incohérences qui jalonnent son film tant il aura réussi, en un peu plus d’une heure trente, à nous tenir en haleine. Bref, une très belle surprise horrifique qui n’aura, malheureusement, pas su se frayer un chemin jusqu’en salles…
4/5 ★
Le 28 décembre sur Disney+.
Bande-annonce
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