Kritik13. Mai 2024 Theo Metais
Cannes 2024: #metoo, Iran et science-fiction, 5 films en prise avec leur époque
Entre le projet très attendu de Francis Ford Coppola, la condamnation du cinéaste iranien Mohammad Rasoulof et l’entrée de Judith Godrèche dans la catégorie court-métrage, l’édition 2024 du festival (du 14 au 25 mai 2024 prochain) promet de cristalliser nombre de sujets qui animent notre temps. Tour d’horizon.
1 - «Megalopolis» de Francis Ford Coppola
Projet herculéen aux investissements personnels collossaux et qui alimente les rumeurs depuis des années, «Megalopolis» sera enfin présenté en Compétition Officielle, 50 ans après que le cinéaste Francis Ford Coppola a reçu la Palme D’or pour «Conversation Secrète». Avec Adam Driver, Nathalie Emmanuel, Giancarlo Esposito, Laurence Fishburne ou encore Shia LaBeouf, dans «Megalopolis» s’opposent deux visions du futur pour la Grande Pomme: l’une incarnée par Frank Cicero, maire de la ville, et l’autre par Caesar, un architecte utopiste et visionnaire qui peut contrôler le temps. Une oeuvre retro-futuriste qui devrait se poser entre les évènements du 11 septembre 2001, les anticipations de l'écrivain britannique H. G. Wells et des conspirations empruntées à l'antiquité romaine. Après «Twixt» en 2011, «Megalopolis» sera le 28ᵉ long-métrage du cinéaste américain.
2 - «The Seed of the Sacred Fig» de Mohammad Rasoulof
Ours d’or à Berlin et lauréat du Grand prix du jury de la Mostra de Venise en 2023 pour son film «There Is No Evil», le nouveau film du cinéaste et dissident iranien Mohammad Rasoulof est en lice pour la Palme d'or. Mais, comme le rapporte France Info, le cinéaste a été condamné à une peine de huit ans de prison, dont cinq applicables, pour "collusion contre la sécurité nationale". Point de départ de «The Seed of the Sacred Fig», l’histoire d’un Iman aussi juge d'instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran, dont l’arme disparaît alors que des manifestations politiques s’intensifient dans le pays. A l'annonce de sa peine, Mohammad Rasoulof, qui craint aujourd'hui pour les équipes de son film, a fui clandestinement l'Iran. Arrivé secrétement en Europe, sa venue à Cannes est incertaine et le cinéaste appelle aujourd'hui la communauté cinématographique mondiale au secours.
3 - «Le Procès du Chien» de Lætitia Dosch
À Un Certain Regard, aux côtés notamment de «Niki» de Céline Sallette ou «Vingt Dieux!» de Louise Courvoisier, il faudra être attentif à un autre premier film. Connue pour ses talents d’actrice, notons «Complices» de Frédéric Mermoud, «La Bataille de Solférino» de Justine Triet, «Petite Leçon d'amour» d’Ève Deboise, ou encore le récent «Acide» de Just Philippot, c’est en qualité de réalisatrice, scénariste et actrice que Lætitia Dosch débarque cette année sur la Croisette. Coproduit par la RTS, France 2, Atelier de production et la société lausannoise Bande à Part, «Le Procès du chien» racontera l’étonnante histoire d’Avril, une avocate, qui mènera un combat pour défendre Cosmos, un chien récidiviste, contre la peine capitale. Le scénario a été écrit par Laetitia Dosch et Anne-Sophie Bailly. Enfin, la présence de Claude Barras et de son film «Sauvages!» et de la coproduction «The Shamless» de Konstantin Bojanov viennent compléter les entrées helvétiques à Cannes cette année.
4 - «Les Reines du Drame» d'Alexis Langlois
Figure montante du cinéma queer francophone, après avoir surpris les foules avec son court-métrage «Les Démons de Dorothy» (Léopard d'Argent et Grand Prix du Jury Jeune à Locarno en 2021), Alexis Langlois présentera son premier long métrage à la Semaine de la Critique. Intitulée «Les Reines du Drame», l’œuvre devrait raconter l’histoire d’un Youtubeur fan d’une chanteuse punk des années 2000. Assortie de la mention "Longue vie aux butchs du monde entier !", la bande-annonce dévoilée sur la page Instagram d’Alexis Langlois présage une œuvre passionante à mettre à côté de «Love Lies Bleeding». Affaire à suivre (de très près).
5 - «Moi aussi» de Judith Godrèche (court-métrage)
Seul court-métrage de cette liste, avec «Moi aussi», Judith Godrèche se propose de recueillir les récits de personnes ayant subi des violences sexuelles. Si ses récentes prises de paroles concernant Benoît Jacquot et Jacques Doillon ont permis la vague d’un #metoo français, «Moi aussi» devrait décupler l’universalité de son histoire. Une «œuvre chorale» selon les dires du festival, «composée de récits personnels énoncés par fragments». «Moi aussi» est un film de 17 minutes et sera présenté lors de la cérémonie d’ouverture de la sélection Un Certain Regard. Notons par ailleurs que le travail de Judith Godrèche a permis le 2 mai dernier la création officielle d’une commission en France chargée d’enquêter sur les violences sexuelles dont sont victimes les mineurs et les majeurs au cinéma.
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