Kritik28. Februar 2024 Cineman Redaktion
Critique de «Dune – Deuxième Partie», de la froideur du règne
Après les magnifiques «Premier Contact», «Blade Runner 2049» et «Dune», Denis Villeneuve continue, avec «Dune – Deuxième Partie», de donner des lettres de noblesse au genre de la science-fiction.
(Une critique de Colin Schwab)
Après avoir dû se réfugier dans le désert de la planète Arrakis suite à l’attaque des Harkonnen, Paul (Timothée Chalamet) et Lady Jessica, sa mère (Rebecca Ferguson), intègrent les rangs des Fremen. Une partie de ce peuple croit voir en Paul le Messie qu’elle attend depuis plusieurs générations. Il devra alors décider entre incarner ce rôle de prophète – ce qui l’aiderait grandement à venger son père de la trahison des Harkonnen – ou choisir la voie de l’humilité et de l’amour, privilégier sa relation avec Chani (Zendaya), tout en risquant de ne pas pouvoir mener son projet à bien.
N’ayant plus à nous introduire au monde complexe de Dune, tâche dont le premier volet c’était joliment chargé, cette deuxième partie plonge directement dans le vif du sujet, dans l’action. Moins de dialogues, plus de moments de confrontation spectaculaires, grandioses, qui savent nous déstabiliser pour de bonnes raisons, tout en restant lisibles. Ces instants de mouvement et de fracas sont joliment contrebalancés par d’autres, calmes et muets, nous laissant respirer et contempler, mieux s’immerger dans cet univers si bien fabriqué.
Car c’est surtout là que le long-métrage excelle : il parvient à nous faire entrer dans un monde profondément étrange et à nous y faire croire de bout en bout. Mieux encore, à combiner des partis pris esthétiques et sonores osés, mais toujours convaincants, créant des atmosphères uniques – la séquence de combat d’arène intégralement en noir et blanc dans la cité Harkonnen est vraiment fascinante à ce niveau – à un discours sur le lien au pouvoir, sur ce qui rend la domination politique possible.
Au cœur de ce propos, la volonté de montrer que régner signifie s’éloigner de toute forme d’amour, d’humilité ou de communauté ; que régner c’est planifier, froidement, à distance, sans jamais se laisser aller à des sentiments irrationnels ; que régner c’est mentir, faire miroiter des utopies inatteignables à des personnes en situation de faiblesse, pour mieux les contrôler. Ce discours impactant est alors d’autant plus convaincant, car nous croyons et adhérons totalement à l’univers fictif dans lequel il se répand.
Mais c’est peut-être dans les moments par lesquels le film développe ce propos, c’est-à-dire les scènes de dialogues, qu’une gêne se fait ressentir. Là où le premier opus faisait systématiquement preuve de créativité dans ce type de scènes – on pense notamment à celle où Paul découvre que sa mère fait partie de la sororité Bene Gesserit, interaction où l’atmosphère visuelle et sonore rayonnait d’une aura mystique très prenante et pertinente – l’on se restreint ici généralement à des champs-contrechamps répétitifs et programmatiques, filmés en gros plans, dans lesquels on ne perçoit plus le lien entre les personnages et leur environnement. Durant ces interactions pourtant bien écrites et interprétées, une partie de la forte valeur immersive du long-métrage se perd.
Mais c’est là l’un des rares défauts d’une œuvre très aboutie. Car «Dune – Deuxième Partie» convint aussi par sa manière de flouter les limites entre Bien et Mal, subvertissant avec beaucoup de fluidité les camps que le premier opus avait façonnés. Il parvient à nous montrer, sans nous le dire, que « les grands méchants » sont loin d’être ceux dont la cruauté est la plus affichée et explicite.
4,5/5 ★
Le 28 février au cinéma.
Plus d'informations sur «Dune – Deuxième Partie».
Bande-annonce de «Dune – Deuxième Partie»
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