Kritik2. Mai 2023 Cineman Redaktion
Critique de «Plan 75», une œuvre dystopique et troublante sur l’euthanasie
Sélectionné à Cannes en 2022, récompensé depuis par le FIFF, «Plan 75» est le premier film de la réalisatrice japonaise Chie Hayakawa. Portrait troublant d’une femme et des trois personnes responsables de son euthanasie programmée.
(Une critique d'Eleo Billet)
Michi, la septantaine passée, travaille avec ses amies comme femme de chambre dans un hôtel. Sans retraite ni possibilité d’accès à l’aide sociale, elle se retrouve démunie lorsque leurs employeurs les renvoient. Seule échappatoire à une lente agonie, le Plan 75, instauré par le gouvernement, lui assure une euthanasie sans douleur et des derniers jours confortables.
Délicatesse est le maître mot de cette œuvre froide, à la photo bleutée. Les gestes sont lents, rigoureux, bien que pas toujours maîtrisés. La caméra, elle, reste attentive aux mouvements quotidiens, mais avec une certaine pudeur. L’attentat qui introduit le film est ainsi d’abord représenté en hors-champ, la caméra ne s’avançant que pour capter les conséquences plutôt que l’action. Cette même retenue demeure, à mesure que la protagoniste se résigne à suivre le programme Plan 75.
Aussi, c’est moins l’euthanasie qui est condamnée que son utilisation à des fins d’éradication des personnes jugées moins productives. En effet, l’euthanasie est, dans ce futur dystopique, industrialisée et semble largement acceptée, car source de revenus, solution au vieillissement de la population et détachée des émotions. C’est là que réside la force de Chie Hayakawa : dans sa représentation de la contradiction du système institutionnel qui rompt la solitude et la précarité de ses citoyens seulement le temps de leur agonie planifiée. Un système qui dépossède ses acteurs de leur âme, jusqu’à ce que la moralité de leurs choix les rattrape lorsque confrontés à un proche poussé à mourir.
Le choix de l’actrice Chieko Baishō pour interpréter Michi est brillant, tant la comédienne parvient à donner vie à son personnage et sa joie de chanter en peu de mots. On pourra alors regretter la mise en retrait des seconds rôles, devenus simples décors ou figures symboliques, ainsi que l’enchaînement trop appuyé des scènes, qui ne laisse place à une ouverture, une libération du cadre que dans son final.
4/5 ★
Au cinéma le 3 mai
Plus d'information sur «Plan 75»
Bande-annonce de «Plan 75»
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