Kritik27. Dezember 2023 Cineman Redaktion
Critique de «Priscilla» de Sofia Copolla, le subtil portrait de l’épouse du King
Il n'y a pas si longtemps, Austin Butler campait le King dans le film «Elvis» de Baz Luhrmann. Présenté à la Mostra de Venise, «Priscilla» de Sofia Coppola se consacre désormais à la vie de Priscilla Presley, son épouse, dans un long métrage qui, à bien des égards, surclasse celui de l’australien.
(Une critique de Michael Gasch depuis Venise. Adaptée de l'allemand)
En 1959, lorsque Priscilla Ann Beaulieu (Cailee Spaeny) croise Elvis Presley (Jacob Elordi), la rencontre est fusionnelle, et ce, malgré leur différence d’âge de 10 ans. Le mariage ne sera prononcé qu’après les 21 ans de Priscila et bientôt une progéniture arrive. S’ensuivront des hauts et des bas qui exigeront beaucoup du jeune couple.
En témoignent les perles de sa filmographie, «Lost in Translation» ou «Virgin Suicides», Sofia Coppola est une réalisatrice de talent et «Priscilla» s'inscrit parfaitement dans la lignée de ses précédentes réalisations. Dénominateur commun à ses œuvres, la cinéaste filme comme à son habitude des personnages féminins élaborés, complexes, et vise ici parfaitement juste avec le portrait de Priscilla.
Comme nombre de cinéastes, elle s’approprie le credo "show, don't tell !" et s'intéresse non seulement à la puberté féminine, mais aussi à la question de savoir à quel point cette période fut réellement glamour et aventureuse. La dimension plus intime est complètement ignorée, du moins jusqu'à ce que Priscilla atteigne sa majorité.
Un choix audacieux pour Sofia Copolla, mais logique, puisque le récit s’inspire du livre «Elvis and Me», publié en 1985 et écrit par Priscilla Presley elle-même. Une histoire qui en dit long sur le King, qui n'est jamais négligée dans le film, et qui ne vole jamais la vedette à la protagoniste. «Bitter-sweet memories» (souvenirs doux amers) entend-on, la formule est chantée par Dolly Parton dans son emblématique «I Will Always Love You». La phrase pourrait être transposée à l'ensemble du métrage tant il s’agit d’une histoire à la fois tendre et percutante qui irradie et profite beaucoup de la subtilité du jeu de Cailee Spaeny (croisée au cinéma dans «Bad Times at the El Royale» ou dans la série «Mare Of Easttown»), et qui remporte par ailleurs la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine.
En témoigne la standing ovation de sept minutes à l’issue de la projection à Venise cette année, «Priscilla» donne lieu à des moments qui touchent la corde sensible, et l'émotion n'est jamais loin. La vie de Priscilla Presley aura été bien acerbe, c’est un fait. Épaulée par la désormais célèbre maison de production A24, Sofia Copolla en dévoile un portrait cinématographique qui vaut absolument la peine d'être vu. Et tout au long de cette histoire finalement tragique, Sofia Copolla fait preuve de décence et de subtilité.
4,5/5 ★
Au cinéma depuis le 26 décembre.
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