Kritik6. Juni 2023 Maxime Maynard
Critique de «Barracuda Queens» sur Netflix, la petite bourgeoisie suédoise qui vole et boit du champagne
La scénariste suédoise Camilla Ahlgren présente sa nouvelle production Netflix. Voici notre critique de «Barracuda Queens».
Certains matins sont plus rudes que d’autres, Louise, Klara, Frida et Mia en savent quelque chose. Après une soirée arrosée, le réveil est douloureux. Et entre les bouteilles de champagne, les shots d’alcools et un malencontreux dégât des eaux dans leur chambre d’hôtel, l’addition finit par être bien trop salée, même pour des jeunes filles de Djursholm, la très chic banlieue stockholmoise. Mais dans cet environnement luxurieux où la haute société suédoise se plait à exposer ses richesses, la solution semble évidente : pourquoi ne tout simplement pas pénétrer dans les maisons avoisinantes et dérober des objets à revendre ? Le débat est de courte durée : les quatre amies passent à l’action. L'ennui qui teignait jusqu’alors leur quotidien laisse place à l’excitation de l’interdit.
L’opulence fascine. Même sur Netflix, le public semble trouver un certain plaisir dans l’observation d’une classe sociale en apparence inatteignable. Dès étudiant·e·s d’une école pour une population aisée dans «Élite», aux somptueux biens immobiliers haut de gamme de «Selling Sunset», en passant par la cour d’Angleterre du XVIIIe Siècle dans «La Reine Charlotte : Un chapitre Bridgerton», les us et coutumes des grand·e·s de ce monde intriguent. Le paysage télévisuel suédois l’a, lui aussi, bien remarqué.
S’il nous offrait en 2021 une vision fantasmée de la monarchie de son pays avec «Young Royals», renouvelait pour une ultime troisième saison, il présentait déjà en 2019 la haute société suédoise dans sa toute première production sérielle Netflix, «Quicksand». Adaptation du roman éponyme de l’autrice Malin Persson Giolito, le thriller contait le drame d’une fusillade dans un lycée de Djursholm, une banlieue huppée de Stockholm. Et c’est cette même banlieue huppée que «Barracuda Queens» nous fait à nouveau visiter.
Car c’est dans cet environnement privilégié, au milieu des années 90, que vivent Louise, Klara, Frida et Mia. Dans la peau des quatre amies, les actrices offrent des performances souvent inégales, régulièrement plates. Leurs personnages, trop peu attrayants, enchaînent les décisions questionnables à une vitesse incroyable. Heureusement Tea Stjärne, interprète de Mia, et Sarah Gustafsson, dans le costume de la nouvelle venue, Amina, apportent une touche de charisme et de chaleur à la distribution. Si l’histoire manque rapidement de souffle, elle n’en reste pas moins intrigante.
Créée par Camilla Ahlgren, scénariste en chef sur «Quicksand», et réalisée par Amanda Adolfsson, la série, inspirée d’un fait divers réel, ne se veut aucunement une adaptation de la réalité et, pour présenter les péripéties kleptomanes de ses protagonistes, semble emprunter au «The Bling Ring» de Sofia Coppola. Comme ce dernier, le rythme fragile de l’action se retrouve contrebalancé par une bande-son empreint de nostalgie. Vengaboys, The Cardigans, Whigfield : les mélodies familières s’enchaînent, prêtent à faire bouger les têtes. Mais n’est pas «Gossip Girl» qui veut, et si «Barracuda Queens» se laisse facilement regarder, elle manque cruellement d’un charme addictif propre à tout bon plaisir coupable.
2,5/5 ★
Disponible depuis le 5 juin sur Netflix.
Bande-annonce de «Barracuda Queens»
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