Kritik12. Mai 2023 Cineman Redaktion
Critique de «La Reine Cléopâtre» sur Netflix, fascination ancienne et polémique nouvelle
Produite et racontée par Jada Pinkett Smith, «La Reine Cléopâtre» a enflammé les débats sur la couleur de peau de l’actrice principale, frôlant l’incident diplomatique avec l’Égypte. Au-delà de la polémique, voici notre critique de «La Reine Cléopâtre».
(Un article de Laurine Chiarini)
Énième adaptation de la vie de Cléopâtre, cette série en 4 épisodes raconte l’existence de la reine d’Égypte sous un prisme noir féministe assumé, sans pour autant donner réellement matière à polémique.
En 1963, le film «Cléopâtre» avec Elizabeth Taylor avait réussi l’exploit assez singulier de mener à lui seul la 20th Century Fox au bord de la faillite. Admirée des un.e.s, fantasmée par d’autres, la reine éponyme, sous la plume de Shakespeare ou de myriade d’autres écrivains, a vu sa vie racontée plus de fois qu’il n’est possible de les compter. Sans apporter d’éléments historiquement nouveaux, l’adaptation de Jada Pinkett Smitth relève davantage des questions sociales d’aujourd’hui et de notre lecture du passé.
Shelley Haley, l’une des six spécialistes et scientifiques à apporter son éclairage d’experte à l’écran, est une professeure d’études africaines à New York connue pour son approche noire féministe des classiques. Elle le déclare d’emblée : petite, sa grand-mère lui répétait que Cléopâtre était noire. C’est dans ce prisme qu’elle a grandi, appliquant la même lecture aujourd’hui. S’il est impossible de savoir effectivement quelle était la couleur de peau de la reine d’Égypte, le fossé entre faits historiquement avérés et interprétation personnelle est à géométrie très variable.
Adele James, qui joue Cléopâtre, est plutôt convaincante. Le problème n’est pas la teinte de sa peau, mais le manque de cohérence du côté « caution scientifique » dans la narration. Commentant l’anecdote où Cléopâtre avait dû ruser pour aller jusqu’à César, rapportée par le penseur et historien grec Plutarque, l’une des expertes s’exclame « qu’il ne pouvait pas le savoir, ayant vécu 150 ans après ». En revanche, ériger son avis personnel en fait quasi scientifique sur, par exemple, les sentiments qu’elle attribue à la reine à tel ou tel moment clé ne lui pose pas de problème.
On l’aura compris : sans apporter d’éclairage historique réellement nouveau, la série se laisse regarder, peut-être un bon moyen pour certain.e.s de découvrir la diplomate, intellectuelle et fine stratège qu’était la reine. Entre place des femmes dans la société, manigances politiques et familles recomposées, son histoire peut facilement être lue dans l’air du temps. Les vraies stars de la série, paradoxalement, ne sont pas les actrices et les acteurs, mais bien les expert.e.s qui, au travers de leurs témoignages, servent la vision de la production.
3/5 ★
«La Reine Cléopâtre» est à découvrir depuis le 10 mai sur Netflix.
Bande-annonde de «La Reine Cléopâtre»
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