Kritik19. Juni 2023 Cineman Redaktion
Critique de «Black Mirror» sur Netflix, on a passé au crible tous les épisodes de la saison 6
La série évènement «Black Mirror» revient pour une sixième saison : l’occasion de se perdre entre les dystopies terrifiantes et les happy-ends inversés de cette production anthologique. Critique sans spoiler !
(Un article de Kilian Junker)
Une des séries phares de Netflix, «Black Mirror», vient de sortir sa sixième saison. Créée par Charlie Brooker pour la télévision britannique, elle est passée aux mains du géant du streaming américain en 2016. Malheureusement, même si le créateur originel est toujours à la barre de cette anthologie explorant les affres de notre société ultra-connectée, les retours critiques se sont effondrés de saison en saison. Qu’en est-il donc de cette sixième volée composée de cinq parties ? Réponse détaillée ci-dessous, garantie sans spoiler !
Épisode 1 : «Joan est horrible»
Joan subit sa vie banale, ballotée entre de multiples tracas : la tentation d’un adultère, un travail compliqué, une vie de couple qui bat de l’aile… Pourtant, lorsqu’au terme d’une journée éprouvante elle s’affale sur son canapé, Joan est loin d’imaginer qu’elle s’apprête à découvrir, sur son service de streaming préféré, une série centrée sur sa propre vie…
Premier segment en dents de scie, profitant certes de son excellent postulat de base, mais s’écroulant entre une mise en scène inexistante et une redondance qui mène à l’indigestion. Pire, l’épisode dépeint de l’intérieur la stratégie d’un service nommé Streamberry (un copié-collé fictionnel de Netflix) avec un cynisme presque dégoûtant : une giga-structure de streaming qui vampirise la vie de ses usagers pour créer du contenu ultra-personnalisé. Idée passionnante, critique tiède, réalisation ratée. Dommage…
Épisode 2 : «Loch Henry»
Seconde histoire portant, comme la première, sur l’alias de Netflix renommé pour l’occasion Streamberry. On y suit ici un couple qui, à la faveur d’un retour en terres natales, se décide à filmer un documentaire « true crime » sur un meurtrier régional. Malheureusement pour eux, cette réalisation va les entraîner dans des abysses d’effroi.
Épisode bicéphale, qui souhaite en même temps pointer du doigt l’attrait du public pour les multiples documentaires inspirés de faits réels, tout en réalisant justement un fac-simile de ces mêmes programmes. À la différence près que l’intérêt du « true crime » est ici édulcorée par le caractère totalement fictionnel de ce « Loch Henry ». Maladroit et bancal, il restera toutefois visuellement plus marquant que « Joan est horrible ».
Épisode 3 : «Mon Cœur pour la vie»
Deux travailleurs de l’espace peuvent, depuis leur station, se connecter sur Terre à des avatars robotiques extrêmement réalistes pour profiter d’une vie de famille presque normale, à des milliers de kilomètres de distance. Lorsque l’un d’eux est tenté de tester l’avatar de l’autre, leur situation va rapidement dégénérer.
Épisode de pure science-fiction, «Mon Cœur pour la vie» distille une agréable ambiance au profit d’un récit maitrisé malgré quelques longueurs (avec ses 1h20, il s’agit du plus long épisode de la saison). On n’en ressortira ni époustouflé par une narration finalement assez convenue, ni par son scénario relativement inoffensif, mais sans bouder notre plaisir de retrouver Aaron Paul (aux côtés de Josh Harnett) qu’on avait pu notamment apprécier dans «Breaking Bad».
Épisode 4 : «Mazey Day»
Une paparazzi se relance dans le business tandis qu’une offre record vient d’exploser : 30'000 $ pour la photo d’une actrice disparue suite à un délit de fuite assorti d’un homicide. Si la traque la mène sans tarder à la starlette, la photographe va toutefois rapidement déchanter…
Segment le plus resserré de cette sixième saison, «Mazey Day» se veut une pure saillie horrifique. Si nous ne pouvons pas en dévoiler le thème sans le spoiler totalement, affirmons toutefois que l’histoire ne réinvente pas le genre dans lequel elle s’inscrit. Banal et parfois un peu timide dans ses effets gores, «Mazey Day» fait figure de copie hors sujet de cette cuvée 2023. Peut-être aurait-elle eu une meilleure place dans une anthologie de type «Le Cabinet des curiosités», sortie il y a quelques mois ?
Épisode 5 : «Demon 79»
Pour cette ultime proposition, nous allons suivre Nida, une vendeuse de chaussures, qui s’ennuie terriblement à son travail. Pire, sa routine se voit bientôt secouée par la montée du racisme dans sa petite bourgade anglaise, l’enfermant encore un peu plus dans sa solitude. Pourtant, la découverte d’une étrange rune dans les sous-sols de son magasin va la mettre en contact avec un démon facétieux, lui imposant pas moins de trois sacrifices humains !
Second segment de plus d’une heure, «Demon 79» est sans conteste le plus rythmé du lot, notamment grâce à sa playlist très seventies. Bourré d’humour noir, l’épisode détonne par son atmosphère nocturne, son grain d’image daté et ses ruptures de ton absolument surprenantes. Servi par un duo d’acteurs parfait, il restera le sommet du panier de cette sixième saison bien bancale.
En somme, l’ultime proposition en date de « Black Mirror » ne parviendra pas à redresser la courbe descendante qu’avait amorcée la série à compter de sa quatrième saison. Si elle contient de véritables belles découvertes, il semblerait que son ADN de série d’anticipation se dilue de plus en plus au profit de banales histoires sans réelle ligne directrice. Serait-il temps pour Charlie Brooker (crédité comme scénariste pour chaque épisode) de lâcher la barre et de s’orienter, comme les deux derniers épisodes de cette saison le laissent entendre, vers une pure anthologie horrifique ?
A découvrir sur Netflix depuis le 15 juin.
Bande-annonce de «Black Mirror»
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