Kritik18. März 2022 Cineman Redaktion
«Deep Water» sur Amazon Prime - Le retour étouffé du cinéaste Adrian Lyne avec Ana de Armas et Ben Affleck
Vingt ans après sa dernière réalisation, Adrian Lyne revient avec un projet de film qui paraissait prometteur : «Deep Water», ou l’adaptation du roman éponyme de la reine du thriller Patricia Highsmith. L’histoire d'un mariage toxique portée par un casting de premier ordre avec Ana de Armas et Ben Affleck.
(Une critique de Christopher Diekhaus, adaptée de l’allemand par Théo Metais)
Un couple aux apparences idéales et pourtant à la barre d’un mariage désastreux. Victor Van Allen (Ben Affleck), a fait fortune dans l'informatique, il est en couple avec Melinda (Ana de Armas). Pour pimenter leur union, le duo s’autorise quelques extras ; et Victor confie un jour à l’un des amants de sa femme qu’il a assassiné l’un de ses rivaux. Alors mauvaise blague ou vraie confidence ? Victor et Melinda jouent à un jeu bien étrange.
Après 20 ans d'absence, le cinéaste Adrian Lyne revient avec un thriller malheureusement en deçà du roman duquel il s’inspire. Après ses succès dans les années 80, notons «9 semaines ½» avec Kim Basinger et Mickey Rourke ou «Liaison fatale» porté par Michael Douglas et Glenn Close, le britannique Adrian Lyne s’était forgé sa réputation avec un cinéma érotique et à la charge psychologique abyssale. Dernière œuvre en date, le drame «Untreu», sorti en 2002 ; un film qui tournait lui aussi autour de la séduction et des sentiments blessés. À chacun son métier ! Et c'est manifestement ce que s'est dit le cinéaste, jadis très demandé, qui célèbre ici son grand retour avec «Deep Water» : un film qui s'inscrit parfaitement dans la lignée de sa carrière, sans profiter, hélas, d’une sortie en salles comme prévu initialement. «Deep Water» est à découvrir en streaming en raison des reports liés à la pandémie.
Le bonheur n’a que faire de l'oisiveté...
Dès les premières scènes de ce thriller érotique inspiré du roman paru en 1957, il est évident que quelque chose ne tourne pas rond. Dans les draps du foyer bourgeois des Van Allen, un mariage se meurt de n’être plus passionné. Pas sûr non plus que Vic (Ben Affleck) et Melinda (Ana de Armas) n’aient véritablement de points communs. Alors qu’il vit paisiblement et profite d’une retraite anticipée pour s’adonner à ses passe-temps, Melinda vaque à ses occupations, aspirant à plus de surprises, s’offrant quelques variations extraconjugales. Et dans les hautes sphères de la société, lors d’une soirée qui dérape, Victor déstabilise délibérément l’un des amants (Brendan Miller) de sa femme, qu’elle embrasse ouvertement. Il lui confie avoir assassiné l’une des aventures de son épouse, récemment disparue. Une plaisanterie pour l’intéressé ? Son entourage ne sait plus sur quel pied danser.
Parmi les singularités du film, il y aura évidemment la conception de ces deux êtres d’âge moyen, empêtrés dans une relation étouffante. Bientôt nous apprenons que Vic doit sa fortune à une puce inventée pour des drones, lui qui souhaite être un bon père pour sa fille Trixie (Grace Jenkins) et se consacrer entièrement à son élevage d’escargots. Et puis Melinda évidemment, qui participe à toutes sortes de soirées exclusives. Mais le bonheur n’a que faire de l'oisiveté, et empêtrés dans leur temps libre, les Van Allen s’échinent de n’avoir la même conception du vivre ensemble.
Un film qui s'inscrit parfaitement dans la lignée de sa carrière...
Régulièrement, «Deep Water» capte les humiliations et les piques, nous révélant ainsi la toxicité de cette union devenue particulièrement malsaine. Et contrairement à ce que laissait présager le titre et le modèle psychologiquement élaboré de Highsmith, Lyne, accompagné des scénaristes Zach Helm («Stranger than Fiction») et Sam Levinson («Euphoria»), effleure, sans véritablement y plonger, les tréfonds de ces jeux de pouvoir machiavéliques. Dans le rôle de l’épouse portée sur la boisson et avide d'aventures, c'est peut-être le rôle de Melinda qui restera le plus caricatural.
Du point de vue du suspens, le thriller traîne aussi la patte, et les expressions subtiles du visage éreinté et frustré de Ben Affleck ne sauront totalement relever l’ensemble. Même la trame narrative de ce Don Wilson (Tracy Letts), écrivain méfiant à la recherche d'un nouveau sujet que Vic rencontre, ne pourra raccrocher le wagon de l’histoire. Enfin, si «Deep Water» trouve, certes, un certain élan dans son dernier acte, les développements narratifs et la chute finale, qui s’écartent du roman initial, laisseront indubitablement son audience sur le carreau.
2,5/5 ★
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