Annecy 2023 : retour sur une édition coup de cœur et sa programmation flamboyante

Le Festival du film d’animation d’Annecy a enregistré un record de fréquentation et a su envoyer des signaux d’espoir après la tragédie du 8 juin. Reportage!

(Marine Guillain, depuis le Festival du film d'animation d'Annecy)

S'il y a un endroit où le cinéma est bel et bien une expérience joyeuse et collective, c'est à Annecy! Dans la grande salle de Bonlieu, qui dispose de près de 1000 places, spectateurs et spectatrices lancent des avions en papier en attendant le début des séances - une tradition. Dans cette même salle et dans les autres, le public suit attentivement le générique du festival qui précède chaque séance, criant le mot «lapin» dès que l’animal apparaît à l’écran ou imitant le bruit d’un poisson, faisant fuser les éclats de rire. En bref, c’est la fête. Mais lorsque le film commence, le silence se fait et se maintient jusqu’aux applaudissements lors du générique de fin.

Et que dire du niveau de la programmation! À la rédaction de Cineman, on est restés bouche-bée devant «Nimona», un bijou d’humour et d’intelligence qui débarque le 30 juin sur Netflix, et on s’est tordu de rire devant «Linda veut du poulet», qui a remporté samedi le Cristal du long métrage, récompense suprême du festival. On s’est ému devant «Four Souls of Coyote», un conte tiré d'une légende autochtone américaine aux images et à la bande-son sublimes qui a glané le prix du jury, tandis que «Le Royaume de Kensuké», une autre ode à la nature et à la fraternité, est parvenu à nous toucher le cœur. En toute honnêteté, chacun de ces quatre films nous a fait verser une larme au minimum.

Belle ambiance aussi au Pâquier, qui accueille chaque soir les projections en plein air, gratuites et ouvertes à tout le monde. Cette année, équipés d’une couverture et d’un pique-nique, les festivaliers et festivalières ont pu (re)découvrir «Bigfoot Family», «Le Chat Potté 2» ou encore le «Pinocchio» de Guillermo del Toro - qui a remporté l’Oscar du meilleur film d’animation.

En dehors des projections, l’ambiance festive s’est emparée de toute la ville, des terrasses aux bords du lac. Comme une sorte d’acte de résistance et d’espoir face à la violence du monde. Ouvert trois jours après l’attaque au couteau du 8 juin qui a eu lieu dans un parc de jeux pour enfants, le festival a bravé la sidération et l’effroi pour faire triompher l’imagination.

Créé en 1960, le festival a enregistré des chiffres historiques de fréquentation, accueillant 15’820 visiteurs accrédités en provenance de 102 pays, soit 19% d'augmentation par rapport à 2022. Les salles ont été archicombles du matin au soir. Pour la première fois, l’événement s’est tenu sur sept jours au lieu de six, en raison de la demande accrue d’accréditations. «Plus que jamais, Annecy mérite son statut de capitale mondiale du cinéma d'animation. Ce nouveau record de participation est le symbole de la reconnaissance et de la confiance des professionnels. C'est une communauté qui n'imagine pas manquer ce rendez-vous et qui témoigne son attachement, quelques jours après les événements qui ont bouleversé la ville», a commenté le directeur du festival Mickaël Marin.

À noter encore que quelques chouettes expositions ont permis de voir les vraies marionnettes faites de silicone et de pâte à modeler utilisées pour «Chicken Run 2: La menace nuggets» (attendu en décembre prochain sur Netflix), ainsi que les décors du film «Interdit aux chiens et aux Italiens» (sortie prévue le 27 septembre prochain sur les écrans Romands). Si vous vous rendez prochainement dans la cité de Haute-Savoie, sachez que l’exposition Camino à Bolla, qui montre les croquis des deux artistes mexicains «Los Calladitos», se tient jusqu’au 29 juillet à la galerie Art by Friends, tandis que celle autour de l’œuvre du cinéaste Theodore Ushev au Château d’Annecy se termine le 2 octobre.

Bande-annonce de «Interdit aux chiens et aux Italiens» (au cinéma en septembre 2023)

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