Ella Rumpf sur «Le Théorème de Marguerite» : «Ce film m’a réconciliée avec les maths!»

Après s’être transformée en influenceuse pour la comédie «Zones de turbulence», sortie cet été, la Suissesse Ella Rumpf joue une brillante mathématicienne dans «Le Théorème de Marguerite», d’Anna Novion. Rencontre.

(Propos recueillis et mis en forme par Marine Guillain au Festival de Cannes)

Jeune mathématicienne à l'École normale supérieure (ENS), Marguerite présente sa thèse devant un parterre de chercheurs et échoue. Dégoûtée, choquée, elle décide de tout quitter… pour mieux recommencer, à sa façon. Mis en scène par Anna Novion, «Le Théorème de Marguerite» était présenté en séance spéciale au dernier Festival de Cannes. L’occasion de discuter du film avec son interprète principale, la Suissesse Ella Rumpf.

Âgée de 28 ans, celle qui a grandi à Zurich et qui vit désormais à Paris avait été sélectionnée aux Shooting Stars de la Berlinale en 2020, un programme qui met en avant 10 nouveaux talents européens. Cela après avoir joué un petit rôle dans «L’Ordre divin» de Petra Volpe, comédie sur le droit de vote des femmes en Suisse, puis un des rôles principaux de «Grave», de la réalisatrice palmée Julia Ducournau. Multilingue, Ella Rumpf joue dans des productions en français, en allemand, en suisse-allemand et en anglais.

Cineman: Ella Rumpf, de Coco, l’influenceuse que vous jouez dans «Zones de turbulence» à Marguerite, vous passez d’un extrême à l’autre!

Ella Rumpf: Oui c’est vrai! Dans cette comédie, sur un groupe qui fait une thérapie pour surmonter la peur de prendre l’avion, j’étais tellement maquillée qu’on ne me reconnaît presque pas! Je jouais une influenceuse instagram toujours tirée à quatre épingles… Tout l’opposée d’une mathématicienne !

Comment vous êtes-vous mise dans le rôle de Marguerite?

ER: On l’a préparé des mois en avance avec la réalisatrice Anna Novion. Nous avons eu de nombreuses discussions sur le monde, la manière dont les choses fonctionnent, l’amitié, l’amour… Marguerite a ainsi pris forme naturellement, au fil du temps. On voulait aussi trouver le juste équilibre pour la rendre attachante, et pour rendre les mathématiques intéressantes. Marguerite est drôle car elle prend tout au sérieux, elle sort du lot, j’ai ressenti une sorte de compassion pour elle et j’ai eu un vrai plaisir à la découvrir.

Comprenez-vous les maths aussi bien qu’elle?

ER: Non! (Rires) J’ai beaucoup travaillé avec une mathématicienne en amont et pendant le tournage afin que je sache à peu près de quoi parle mon personnage, mais ça reste tout de même une matière très abstraite, un langage que j’ai dû apprendre par coeur car c’était impossible de le comprendre en si peu de temps.

Cela ne faisait pas partie de vos matières préférées à l’école..?

ER: Non, je suis nulle en maths! Et sincèrement, je me suis posé la question de savoir si j’étais vraiment capable de jouer une mathématicienne car j’ai détesté cette matière à l’école. Alors travailler sur ça pendant plusieurs mois, ça demande un effort mental très fort. Mais c’est aussi exactement ça qui m’a intriguée et intéressée: cette possibilité de traduire les maths d’une manière qui donne envie de les comprendre davantage. Cette expérience m’a réconciliée avec la matière.

Que vous évoque ce parcours de jeune femme qui évolue et se fait sa place dans un milieu très masculin?

ER: Eh bien, il y a une fille pour 30 mecs, c’est flagrant, rien qu’en montrant ça, ça dit beaucoup de choses et ça pose des questions. Cette situation est beaucoup dûe aux schémas dans lesquels notre société a évolué jusqu’à maintenant ou aux encouragements qu’on donne aux filles ou pas. C’est en train de changer, mais lentement. Ensuite, dans le cas de Marguerite, je l’ai abordée sans vouloir définir son sexe ou sa sexualité. Sa passion pour les mathématiques est tout ce qui compte. C’est comme si elle n’était pas consciente de sa position de femme, elle ne se différencie pas et ne s’interroge pas sur ce sujet.

L'interview cinéma avec Ella Rumpf [vidéo]

A lire aussi sur Cineman: