Kritik3. Januar 2022 Theo Metais
«Licorice Pizza» - La fable amoureuse de Paul Thomas Anderson
Paul Thomas Anderson revient au cinéma avec une déambulation sentimentale et nostalgique. Rom-com d’un genre coming-of-age, «Licorice Pizza» nous plonge dans la vallée de San Fernando dans les années 70. Alana et Gary s’y rencontrent, le film se faisant le récit de leurs tribulations amoureuses.
Vallée de San Fernando, 1973. Gary (Cooper Hoffman), jeune aspirant comédien, rencontre Alana (Alana Haim) de dix ans son ainée. Tout commence au hasard d’une séance photo à l’école, s'ensuivra un premier rendez-vous. Entre l’agence de presse de sa mère et quelques apparitions dans des télé-crochets américains, l’adolescent nourrit ses projets de gloire, un pied, toujours, dans le grand bain des affaires et des célébrités, et Alana de n’être jamais très loin. L’âge et le contexte social diffèrent et tapissent le lit d’aspirations contraires. Mais les deux tourtereaux sont devenus (presque) inséparables, dès lors Gary et Alana composeront ensemble, pour le meilleur et pour le pire!
Association particulière de deux êtres chers, Paul Thomas Anderson cuisine une pizza au réglisse sous le soleil des années 70. Dans le décor de son célèbre «Boogie Nights», le cinéaste offre un rôle survitaminé à la musicienne Alana Haim. L’artiste se révèle au 7ème art avec une énergie folle, à l’image de Cooper Hoffman, fils du regretté Philip Seymour Hoffman, qui signe lui aussi ses débuts dans la peau d’un truculent Gary au charme juvénile. Et le duo se révèle formidablement improbable. Une pellicule teintée du charme discret des années 70, «Licorice Pizza» nous ramène à «American Graffiti» et aux déambulations de Cliff Booth dans «Once Upon a Time... in Hollywood».
«Enchanteur, cruel et juvénile...»
La caméra épouse la Cité des anges comme le cinéma le fait si bien. Il faut dire qu’ils s’aiment ces deux là. Et l’on y flâne à l’aube, au crépuscule, à pied, en voiture, en camion... «Licorice Pizza» est un hommage singulier à ce morceau de Californie en 1973, là où les cauchemars se mêlent aux rêves (américains). L’occasion d’observer de prés la campagne électorale du conseiller municipal Joel Wachs (incarné par un étonnant Benny Safdie), de croiser Jon Peters, célèbre compagnon de Barbra Streisand incarné par un Bradley Cooper dantesque, et en pleine crise du pétrole, et les élucubrations à moto d’un Sean Penn volant. Et Paul Thomas Anderson de nous rendre les tumultes d’une génération, d’une époque pétrie de contractions économiques et sociales, avec maestria et une splendide maitrise du cadre.
À sa manière, Paul Thomas Anderson désarme le cinéma. Après l’élégance immaculée de «Phantom Thread», le cinéaste nord-américain réveille un genre et lave ses souvenirs californiens d’une élégante bobine en 35mm. Du grain parmi les songes d’une nuit d’été. Un duo qui s’offre au 7ème art comme une merveille, et la distribution qui jamais ne leur vole la vedette. «Licorice Pizza» se vit comme un récit d’apprentissage. Un film choral pour conter la fièvre erratique de ce couple qui n’en ai jamais un. Enchanteur, cruel et juvénile.
4/5 ★
Le 5 janvier au cinéma. Plus d'informations sur «Licorice Pizza».
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