Kritik9. September 2024

Mostra de Venise 2024: «Jouer avec le feu» de Delphine et Muriel Coulin, Vincent Lindon face à la radicalisation

Mostra de Venise 2024: «Jouer avec le feu» de Delphine et Muriel Coulin, Vincent Lindon face à la radicalisation
© Pathé Films AG

Les deux sœurs Delphine et Muriel Coulin présentaient en compétition à la 81e Mostra de Venise leur dernier long-métrage suivant un père impuissant face à l’engagement de son fils aîné auprès d’un groupe d’extrême droite. Un rôle qui a d’ailleurs valu à Vincent Lindon le prix d’interprétation masculine

(Un texte de Damien Brodard, depuis la Mostra de Venise 2024.)

Pierre (Vincent Lindon), veuf depuis des années, vit avec ses deux fils : Félix (Benjamin Voisin) dit « Fus » et Louis (Stefan Crepon). À l’issue d’une soirée de travail, le père apprend avec stupéfaction de la part d’un collègue que Fus fréquenterait un groupe d’extrême droite. De retour chez lui, il ne peut qu’observer dans les semaines suivantes la radicalisation de son aîné. Fermement opposé à ces nouvelles accointances, Pierre tente de raisonner son fils et de conserver l’équilibre au sein de sa famille.

C’est de manière très simple, et quelque peu effacée, que les réalisatrices françaises ont tenu à aborder l’un des sujets sensibles et on ne peut plus actuels de leur pays. Si leur mise en scène n’impose pas d’esthétique particulièrement marquée, elle permet néanmoins de pleinement profiter de la relation touchante d’un père avec ses deux fils, mais surtout de l’alchimie entre ces trois comédiens. Primé sur le Lido, Vincent Lindon retrouve ici un type de rôle qui lui sied parfaitement et trouve en Benjamin Voisin, remarquable comme à son habitude, un formidable opposant.

Il n’est pas question ici d’étudier à la racine les groupes d’extrême droite, mais plutôt d’épouser le point de vue du père, stupéfait, remarquant les changements chez son aîné lorsqu’il rentre à la maison ou qu’il est accompagné d’un nouvel ami. La situation est d’autant plus déchirante que la complicité entre ces trois hommes ne laisse pas présumer que l’un d’entre eux puisse dériver, et c’est peut-être là le point le plus pertinent. Malgré des représentations de groupuscules assez caricaturales et un dernier acte quelque peu précipité, Jouer avec le feu reste une œuvre prenante.

3,5/5 ★

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