Netflix: «La Famille Willoughby» - Ricky Gervais et la revanche des orphelins

Le réalisateur Kris Pearn adapte le livre éponyme de l’auteure Lois Lowry pour une aventure familiale sacrément salée. Un ton très adulte, pour conter l’histoire des Willoughby et leurs enfants qui tentent de s’émanciper de leurs horribles parents. Disponible dès aujourd’hui sur la plateforme Netflix.

Ils furent, jadis, des princes, des poétes, des scientifiques et des philosophes; les hommes de la famille Willoughby et leurs célèbres bacchantes rouges ont fait les grandes heures de la famille. Or aujourd’hui, leur manoir de l’ère victorienne encastré dans la grande métropole bat de l’aile. Aux mains d’un couple de parents qui ne cessent de se marteler de jérémiades mamoureuses, les enfants sont abandonnés dans les galeries du manoir, laissés sans éducation, ni nourriture, ni amour. Et lorsqu’un jeune orphelin est déposé sur le seuil de leur porte, il vient aux quatre enfants Willoughby une idée: l’émancipation. Ils organisent alors un voyage mortel pour leurs parents et une nounou est embauchée...

Après le très beau «Klaus», sorti en décembre dernier sur la plateforme de streaming, Netflix marque avec «La Famille Willoughby» un nouveau temps fort et démontre une nouvelle fois sa capacité à chatouiller les grands mastodontes du monde de l’animation. Nouveau long-métrage de Kris Pearn, à qui l’on devait déjà «L'Île des Miam-nimaux : Tempête de boulettes géantes 2», «La Famille Willoughby est ce récit édulcoré et injecté d’un rythme effréné; une fable tragique et adorable lorsqu'elle fait le récit enchanté de ces quatre enfants qui tentent de fuir la négligence abominable de leurs parents. La sève originelle est amère, absurde à l’humour noir, alors Ricky Gervais s’invite aux festivités et prête sa voix au chat, à la fois narrateur central de l’histoire et protagoniste.

«Un délirium visuel efficace...»– Théo Metais

Quatre enfants décident de s’émanciper de leurs parents, et alors qu’un jeune orphelin fait intrusion dans leur vie, ils envoient leurs géniteurs dans un périple mortel au tour du monde aux airs de vacances ordinaires. Dès lors une galerie de personnages défile, de la nounou et son parapluie d’un genre Mary Poppins plus contemporaine (Maya Rudolph en VO) au commandant Melanof (Terry Crews en VO) et sa fabrique de confiseries teintée du fantôme de Willy Wonka. Un conte “old fashion” nous dira-t-on, en effet la vie des enfants Willoughby n’a rien à envier au placard d’Harry Potter ni aux bassesses de Cendrillon. Et les références cinéphiles se mêlent dans un délirium visuel efficace, on notera même des clins d'œil à «Home Alone» et un grand voyage en ballon d’un genre «Up».

Produit par le récent studio Bron Animation (fondé en 2010), l’animation est délicieuse et se dore d’une frénésie de couleurs. Une esthétique qui plaira sans aucun doute au plus grand nombre pour diluer une histoire qui, jusque dans son (presque) climax, se révèle profondément tragique. À sa manière, «La Famille Willoughby» rappellera le sublime «Ma vie de Courgette» de Claude Barras. On se félicite du ton très adulte employé par le métrage là où trop souvent les divertissements familiaux font le pari de l’infantilisation. Car il y aura beaucoup à dire, entre les foyers d’accueil, la séparation des enfants, le sens de la famille et la responsabilité parentale, en adaptant le livre de Lois Lowry, le réalisateur Kris Pearn et ses équipes font le choix d’une narration audacieuse. Jamais pourtant le métrage ne nous accroche véritablement le cœur. Il nous reste la curieuse impression d’avoir survolé un peu trop vite cette grande aventure. Il manquera un souffle plus grand pour une totale réussite.

En bref!

Sous la coupe d’abominables parents, l’histoire d’un genre coming of age et la quête des quatre enfants Willoughby a quelque chose de salvateur en plus de proposer une animation excellente. Une nouvelle et belle entrée pour Netflix dans l’animation, bien que l’on reste un peu sur notre faim.

3,5/5 ★

«La Famille Willoughby» est à découvrir dès aujourd'hui sur Netflix.

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