Une mini série sur les déboires d’un club de jazz à Paris avec Damien Chazelle producteur et à la barre des deux premiers épisodes. Un style naturaliste à la croisée des genres, un tournant notable dans la cinématographie du metteur en scène; «The Eddy» débarque aujourd’hui sur la plateforme Netflix.
Elliot Udo (André Holland) est copropriétaire d’un club parisien appelé The Eddy et vit un tandem perturbé avec sa jeune fille Julie (Amandla Stenberg). Il entretient une relation avec Maja (Joanna Kulig), la chanteuse du groupe, et sous le ciel de Paris, l'amour se conjugue aux blue notes avec plus ou moins d’aisance. L’affaire avait pourtant trouvé son rythme de croisière, mais depuis le décès de Farid (Tahar Rahim), des histoires de dettes douteuses refont surface mettant en péril la survie du club. Il semblerait que son meilleur ami trempait dans quelques business insoupçonnés, laissant sa femme Amira (Leïla Bekhti) et ses enfants orphelins.
Une mini série qui semblait enchanteresse aux premiers abords; son casting d’abord, qui emprunte à ce qui s’est (presque) fait de mieux ces 4 dernières années à commencer par André Holland aperçu dans «Moonlight», Joanna Kulig en vedette de «Cold War» de Pawel Pawlikowski, Alexis Manentiou croisé dans «Les misérables» de Ladj Ly ou encore le touchant duo d’acteurs Tahar Rahim et Leïla Bekhti, le tout orchestré par celui qui livra «Whiplash» (3 oscars), «La La Land» (5 oscars), voire le percutant «First Man» (1 oscar), «The Eddy» avait le vent en poupe et le public l’attendait au tournant.
«Les épisodes défilent et enrobent les rêveries désabusées de chacun...»
Un premier épisode qui plante sur plus d’une heure les bases du récit, comme une promenade dans le décor du rêve d’Elliot pour une présentation informelle des personnages. On y croisera Benjamin Biolay, et une touchante envolée au piano entre André Holland et Tahar Rahim avant le coup de couteau fatal. Nommés selon les protagonistes Eliot, l’ancien prodige du label Blue Note, Julie, la fille abandonnée par sa mère, Amira, épouse aux portes du deuil, ou Jude, brillant contrebassiste héroïnomane, les épisodes défilent et enrobent les rêveries désabusées de chacun. Le jazz comme élixir de vie.
Présenté en février dernier dans la catégorie Séries de la Berlinale, le scénario laissait présager une désuétude romantique un peu naïve qui avait rencontrée son public avec «La La Land». Dans un écrin parisien, la série fait le pari d’un style naturaliste et teinte son enquête musicale d’un grain en 16mm («The Eddy» est d’ailleurs la seule série du catalogue Netflix à ne pas être tournée en numérique). D’aucuns y verront une réalisation nonchalante, classique, sans fard, d’autres apprécieront le spleen très Damien Chazelle. Au travers vadrouille une distribution de haut vol, dès sa première apparition Leïla Bekhti crève l’écran, comme André Holland formidablement écartelé entre une paternité tourmentée et la vie du club.
«La série fait le pari d’un style naturaliste...»
Les luttes individuelles sont belles et profondément touchantes. Sorte de thriller musical qui tend à demi-mots vers le réalisme social, le scénario de «The Eddy» s’inspire, pioche, emprunte et traverse avec plus ou moins d’aisance des paysages très cinégéniques. Si sa narration décousue en troublera plus d’un, elle s'inspire du jazz auquel elle rend hommage. Pour les besoins de cette critique nous avons pu visionner les quatre premiers épisodes et il est clair que «The Eddy» sera un OVNI dans la cinématographie de Damien Chazelle, lui qui prépare son nouveau long-métrage «Babylon». Plus mature sans doute, le style s’affine et le décor change. À la croisée des genres, pas sûr que «The Eddy» n’emballe complètement or cette création vaudra bien un détour.
En bref!
Damien Chazelle revient avec un style plus naturaliste. Une série chorale, une impeccable distribution dans un projet musical à l’orée du thriller, «The Eddy» était attendu de pied ferme. Le spleen demeure mais le style s’est affiné.
3,5/5 ★
«The Eddy» est à découvrir dès aujourd'hui sur Netflix.
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