Kritik14. Dezember 2020 Camille Vignes
Netflix: «The Prom»: La danse de la déception
«American Horror Story», «American Crime Story», «The Politician», «Ratched»… il est clair que ces dernières années, Ryan Murphy s’est souvent distingué par son habileté à manier les discours sombres et sanguinolents, les drames sociaux qu’ils soient surnaturels ou ancrés dans cette grise réalité qu’il se plaît à colorer. Pourtant, après une année chargée de nouveaux projets et de concrétisation (contrairement à la majorité des acteurs de la culture), le cinéaste signe son retour à la comédie musicale avec «The Prom», un long-métrage habité par un parterre de stars pour le meilleur… et surtout pour le pire.
L’histoire d’Emma, cette adolescente homosexuelle de 18 ans qui voit tout son lycée privé de bal de promo sous prétexte que son orientation sexuelle porte atteinte à la décence humaine et qui va se battre et porter fièrement les couleurs de l’arc-en-ciel aux côtés des stars de la scène new-yorkaise pour que le «prom» advienne, n’est pas sortie de la tête de Ryan Murphy. Derrière Emma, se cache le reflet de Constance McMiller, cette jeune femme du Mississipi que Green Day était venu soutenir en 2010 dans son combat; une histoire que Bob Martin avait monté en comédie musicale à succès, plusieurs fois nommée aux Tony Awards de 2019.
Que dire de «The Prom» si ce n’est que Ryan Murphy aurait vraiment dû s’éviter cette dernière danse de l’année et nous épargner, nous, pauvres petits utilisateurs Netflix, d’un spectacle aussi insipide. Où est passée sa maîtrise de la caméra? Son amour du cadrage, des décors et des costumes? Sa façon de jouer avec la perception de la réalité? Son utilisation de la lumière et des couleurs? Simplement, où est passée sa capacité chirurgicale à poser une ambiance? Car au détour de quelques décors dignes des meilleures sculptures en carton-pâte de notre enfance, de quelques costumes que quelques sequins viennent égayer avec paresse et de quelques rares lumières bien posées, la pâte visuelle (oserons-nous dire le talent?) de l’artiste se fond tristement dans un discours réchauffé, mal présenté.
«Ryan Murphy ne gratte jamais ce vernis social normatif»
Alors que l’artiste a un penchant avéré pour des débats sociaux contemporains sur la sexualité ou encore le racisme, en témoignent ses séries «American Horror Story», «The Politician» ou encore et plus récemment «Ratched», et alors que «The Prom» était l’occasion pour lui d’attaquer par un autre bout le problème de l’homophobie et de la difficulté toujours bien présente à faire son coming out, rappelant celui adopté dans «Glee», son discours retombe aussi sec. Comme ces chansons qui s’oublient dès que s’éteignent leurs dernières notes, Ryan Murphy ne gratte jamais ce vernis social normatif. Alors qu’on l’en sait si capable!
Cerise sur ce gâteau de la déception, les Meryl Streep, Nicole Kidman, Keegan-Michael Key, Kerry Washington ou encore James Corden, censés dynamiser l’ensemble, sont l’une des plaies du métrage. Insipides, leur performance sont trop souvent douloureuses et désespérantes. Caricaturaux et en roue libre, ces acteurs pourtant si charismatiques perdent tout attrait. Comme le talent de Murphy, ils sont absorbés, éclipsés par la médiocrité ambiante. Finalement, le film est à l’image de la description des personnages: creux et inintéressant.
2/5 ★
Disponible sur Netflix.
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