Kritik12. Juli 2022

NIFFF 2022 : «L'Année du requin» - Lettre d’amour des frères Boukherma aux films de série B

NIFFF 2022 : «L'Année du requin» - Lettre d’amour des frères Boukherma aux films de série B
© NIFFF 2022

Troisième film des frères réalisateurs Zoran Boukherma et Ludovic Boukherma et leur deuxième incursion dans le genre fantastique. Présenté en avant-première mondiale au NIFFF, «L'Année du requin» entend offrir un nouveau souffle aux films de requins.

(Critique d'Eleo Billet)

À la Pointe du cap Ferret, au poste de police, les pitreries succèdent aux interventions de routine pour secourir des paddleurs échoués. À une semaine de sa retraite anticipée, Maja Bordenave (Marina Foïs) espère finir sa carrière de gendarme maritime sur une grande affaire avant de passer enfin du temps avec son mari Thierry (Kad Merad). Lorsque sont retrouvés des cadavres aux impressionnantes morsures, Maja aidée de ses collègues, l’attachant duo formé par Blaise (Jean-Pascal Zadi) et Eugénie (Christine Gautier), part à la poursuite de la créature tant fantasmée, un requin géant.

Les requins, jusque-là l’apanage des studios étasuniens et australiens suite au succès de Les dents de la mer (1975), sont parodiés par les frères Boukherma dans leur lettre d’amour aux films de série B. Leur œuvre est portée par le jeu de Marina Foïs qui passe avec aisance du rire aux larmes et surmonte même sa peur de l’eau pour les scènes aquatiques tendues. Quelques références à Fargo (1996) dans un environnement embrassant l’identité du Sud-Ouest au son de « La Kiffance » et L’Année du requin devient une comédie française qui réussit sa dimension satirique. Puis le film épouse le thriller, le drame, devient poussif et culmine dans la violence là où on ne l’attendait pas.

Si l’animatronique de requin est très impressionnante, le hors-champ reste privilégié et le relatif manque d’action profite surtout aux blagues, aussi lourdes que la canicule, que s’échangent les interprètes, en tête le patriotisme de l’héroïne Maja. Le requin, ce monstre de cinéma depuis longtemps désacralisé, sert ici de métaphore parfois maladroite, comme l’était Teddy (2020), de la montée des extrémismes, de la négation de l’impact humain sur l’environnement et du besoin de désigner un bouc émissaire. Pas de révolution à la plage, mais de belles ambitions qui gagneraient à être plus canalisées. L’Année du requin dévoile néanmoins une proposition aussi inhabituelle qu’excitante du cinéma français.

3 / 5 ★

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