Kritik24. Mai 2021 Sven Papaux
Prime Video: «The Underground Railroad» - Une obscure traversée aux confins de la liberté
En adaptant le roman de Colson Whitehead, prix Pulitzer, le virtuose Barry Jenkins met en scène sa première série et dessine le chemin tortueux d’une esclave vers sa liberté dans cette sublime production Amazon de 10 épisodes.
«The Underground Railroad» est cette tentative désespérée vers une vie affranchie, loin de la guerre; Cora Randall (Thuso Mbedu), née dans un champ de plantation en Géorgie, a échappé à ses patrons pour finalement atterrir sur un chemin de fer clandestin. Pas de métaphore, que non, mais bien un chemin de fer rempli d’ingénieurs et de conducteurs, et un réseau secret de voies et de souterrains dans le sud des États-Unis. Dans sa folle embardée vers la liberté, elle sera coursée par un chasseur d’esclaves, du nom de Ridgeway (Joel Edgerton), à ses trousses pour la ramener à son propriétaire. Sur les rails de ce mystérieux chemin de fer, Cora changera de nom et se cognera à son passé avant de découvrir les délices d’une vie sans contrainte.
César était un conquérant, mais dans «The Underground Railroad», la conquérante se nomme Cora Randall. Par l’intermédiaire d’un esclave nommé… César (Aaron Pierre), elle tente le tout pour le tout pour accéder à ces fameux «chemins de fer clandestin» («The Underground Railroad»), ces lignes souterraines mystérieuses, gardées secrètes et composées de maisons de passage, empruntés par les esclaves afro-américains fuyant vers la liberté au 19ème siècle. Des passages comme cette beauté infestée de tristesse, une trouée vers la liberté sur plus de 10 heures d’épisode. «The Underground Railroad» est un cri de douleur traité avec tout le savoir-faire du maestro Barry Jenkins, assis sur son tabouret et peignant sur son support de peinture une fresque poétique pure et acerbe. Un gros morceau à avaler prudemment tant il est difficile à digérer. La musique de «l’autre» maestro, Nicholas Britell ne fait qu’amplifier cette atmosphère pesante, mais d’une triste beauté à vous faire frissonner.
«The Underground Railroad» est à s’y méprendre une introspection de l’âme, mais surtout de l’âme des États-Unis...
Barry Jenkins compose des plans majestueux, prolongeant cette grâce aperçue dans «Moonlight» ou encore «If Beale Street Could Talk». Aussi, le cinéaste retrouve cette posture qui fait sa beauté, portraiturant ses sujets qui vous fixent droit dans les yeux, laissant le spectateur mesurer l’ampleur du châtiment. «The Underground Railroad» est à s’y méprendre une introspection de l’âme, mais surtout de l’âme des États-Unis, de la bassesse de l’homme blanc persuadé d’exercer une autorité juste. Nous sommes invités à nous plonger dans la psyché humaine et fissurant cette couche pour en faire une succession d’épisodes - inégaux, mais tous avec leur force dévastatrice -, convoquant les affres de la race humaine. On suffoque dans ce grand huit de la mort, du sadisme, entre espoir et désespoir.
Plus qu’un simple retour sur l’héritage d’un pays, «The Underground Railroad» expose les effets psychologiques et la souffrance qui arc-boutent les protagonistes. Le sujet tentaculaire et la brillante mise en scène de Barry Jenkins pour revivre cette période cauchemardesque, constituent une splendide toile déchirante en forme de voyage hypnotique.
4,5/5 ★
«The Underground Railroad» est à découvrir dès maintenant sur Amazon Prime Video.
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