Naomi Kawase revient derrière sa caméra enchantée, avec son talent et sa délicatesse. Grande habituée de la Quinzaine cannoise, la réalisatrice de 52 ans reprend son bleu de travail et convoque la souffrance silencieuse avec «True Mothers».
Satoko (Hiromi Nagasaku) et son mari Kiyokazu (Arata Iura) sont à jamais liés à Hikari (Aju Makita). La jeune adolescente de 14 ans, tombée enceinte accidentellement, donne naissance à un petit Asato, que le couple adopte. La nouvelle famille mène une vie heureuse à Tokyo, jusqu'au jour où Hikari décide de revoir son fils et provoque une rencontre fortuite.
Grande adepte de plans bercés par le soleil, touchés par une lumière douce, Naomi Kawase a réussi à se construire une filmographie aussi belle que délicate. Ses trois derniers films sont marqués par la légèreté des éléments, où nos sens sont cajolés. On se souvient des «Délices de Tokyo», qui portait bien son nom, ou encore le récit déchirant de «Vers la lumière». La réalisatrice parle des négligés, s’attaque aux nombreux détails qui nous entourent. «True Mothers» ne déroge pas à la règle, continuant à effleurer la nature humaine dans son plus bel appareil. Dans son nouveau film, la cinéaste poursuit son travail méticuleux. De simples touches soulignent les faces sombres et lumineuses de l’être. Naomi Kawase souhaite par-dessus tout voir le plus beau du genre humain.
Des portraits tout en retenue...
Le scénario, qu’on pourrait penser éculé sur le papier, laisse place à quelques séquences absolument déchirantes. L’histoire, composée de trois actes, propose des flashbacks présentant l’adoption, exposant ses raisons, et expliquant la grossesse accidentelle. Grâce à sa justesse, la réalisatrice brosse des portraits tout en retenue. Sa grande force: elle ne verse jamais dans le jugement et décrit subtilement cette naïveté brisée par des promesses non-tenues. Hikari est la première victime. La honte, rejetait sur elle par sa famille, provoque sa lente agonie. Son dernier véritable point d’ancrage reste l’agence d’adoption «Baby Baton», où elle séjourne avant la naissance du petit Asato. Déracinée et déboussolée, comme les jeunes femmes qu’elle va y côtoyer. Ces jeunes femmes dans des situations similaires, tiraillées entre leur instinct maternel et leur avenir. Devant tant d'authenticité, le film prend des airs de documentaire.
Dans les méandres de ces troubles et de ces vies fauchées, «True Mothers» dégage une profonde sensibilité pour tenir un film qui aurait peut-être mérité un traitement plus court et plus rigoureux. Malgré un côté parfois trop appuyé sur le mélodrame, Naomi Kawase réussit à rester assez mesurée grâce à sa justesse, faite de touches sensibles et savoureuses.
3,5/5 ★
Le 28 juillet au cinéma. Plus d'informations sur «True Mothers».
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