Sacré de l'Oscar du meilleur film international, les effluves enivrantes du métrage «Drunk» de Thomas Vinterberg retrouvent le chemin des salles de cinéma cette semaine. On fait le point!
Après l’ample et assez plat «Kursk», Thomas Vinterberg revient avec un projet à l’ambition plus simple avec «Drunk», qui le voit également s’appuyer à nouveau sur Mads Mikkelsen dans le rôle principal. Le film aurait du être sélectionné à Cannes Cannes en 2020 et le festival ne s’y était pas trompé: c’est indiscutablement un de ses meilleurs films, à ranger aux côtés de «La Chasse» et de «Festen».
Martin, père de famille et professeur d’histoire en lycée sans histoire, sent bien que quelque chose ne va pas dans sa vie stagnante. La dépression le guette, mais avec trois comparses, eux aussi enseignants désœuvrés à divers degrés, ils décident de conjurer l’anxiété en suivant les écrits du penseur Finn Skårderud, qui affirme qu’un taux léger et contrôlé d’alcoolémie rend plus créatif et détendu. Après tout, qui peut nier qu’il se passe quelque chose de beau après deux verres de vin?
Après tout, qui peut nier qu’il se passe quelque chose de beau après deux verres de vin?
On pouvait craindre qu’un cinéaste tout venant nanti d’un synopsis pareil ne nous serve un énième film à la morale toute faite, avec l’antédiluvienne structure en ascension/chute qui a fait les beaux jours de tant de films sur la drogue (et sur le banditisme, mais c’est une autre histoire). Heureusement, c’est Thomas Vinterberg qui est à la barre, et il a réveillé sa veine bergmanienne de la plus fort belle manière.
Car l’alcool et l’addiction ne sont pas les sujets de «Drunk», loin de là, même si cette dernière reste une menace sourde en toile de fond. Ils sont en réalité des révélateurs, tantôt joyeux, tantôt drôle, tantôt minables et tantôt cruels, des frustrations et des résignations qui ont faits de nos quatre lurons des adultes affligés par un monde étroit. La douceur et la bienveillance dont faire preuve Thomas Vinterberg à l’endroit des quatre enseignants étonne, mais surtout touche, même dans les moments les plus médiocres, pourtant filmés sans complaisance.
Un final musical profondément émouvant et euphorisant...
À la vérité, «Drunk» est un véritable réconfort, particulièrement par les temps qui courent: la précision chirurgicale du montage et la froideur du découpage, bouillonne en effet une formidable envie de vivre et une promesse de liberté, d’amour et de jeunesse éternelle, même alors que s’amorcent les prémices de la vieillesse sclérosée. Et lorsque cette énergie fait s’emballer toute la mise en scène, qui saute comme une chape de plomb dans un final musical profondément émouvant et euphorisant, c’est tout le public qui entre dans la danse, ivre de joie.
4/5 ★
«Drunk» est à découvrir au cinéma le 28 avril.
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