Review19. August 2019 Theo Metais
«Good Boys» - Certainement la vraie belle comédie délurée de l’été
Quand Jonah Hill et Seth Rogen, ici producteurs, embarquent trois jeunes ados dans un drôle de voyage initiatique sur fond d'éveil à la sexualité, de vol de drone et de drogues, le résultat est résolument moderne et bordélique à souhait.
Ils s’appellent Max, Lucas et Thor, ils ont une dizaine d’années, et comme tous les enfants de leur âge, la vie à l’école est celle d’une exoplanète, lointaine, fabuleusement hostile et fascinante, aux énigmes impénétrables, teintées de quête identitaire, de liberté aussi; à la recherche d’une vie nouvelle. Alors que Max est invité à passer une soirée chez le très populaire Soren, lui et ses comparses devront s’armer, sinon se préparer, pour les premières roucoulades adolescentes. L’heure est à l’instruction, alors quoi de mieux que d’espionner les voisines avec un drone? Encore une brillante idée, seulement la bestiole se fait capturer et pour la récupérer, l’aventure sera herculéenne.
Ambiance «Superbad» et «Scott Pilgrim vs. the World», à bord de leurs BMX d’un genre très «Stranger Things», il fait bon vivre dans «Good Boys». Les illustres Jonah Hill et Seth Rogen, tous deux producteurs exécutifs, signent une nouvelle ode à l’enfance dans la cité des Anges; on croirait voir le jeune Sunburn dans les galères de «Pineapple Express», le skateboard en moins. Incarné par l’excellent Jacob Tremblay («Room»), Max attaque l'adolescence avec philosophie, son relativisme à lui: comment embrasser une fille en soirée? Voilà qui chante des airs à la John Cameron Mitchell, et sous la coupe de son réalisateur Gene Stupnitsky, la descendance de «Freaks and Geeks» est bel et bien assurée.
«Good Boys fait preuve d’une autodérision foudroyante...»
Dans «A Ciambra», c’était dans la confidence d’une arrière-cour, chez une matrone bien connue du frère. Ici c’est pareil, mais en moins gitan, en plus Hollywood. Certainement moins incisif, «Good Boys» est une catharsis, une quête (quasi croisade) surexcitée qui s’amuse sur les rives du monde des parents. Entre mimétisme social et rêveries intérieures, Max, Lucas et Thor sont capables de sublimer les rites de passage. Devenir un homme, un homme chasseur cueilleur (d’embrouilles?), un homme prédateur, sexué, alcoolisé et intrépide. Bref, «Good Boys» fait preuve d’une autodérision foudroyante et passe en revue le catalogue «du bon petit gars qui fait tout bien comme il faut pour montrer qu’il est un homme».
Comme toujours chez le duo Rogen-Hill, le long-métrage est un hommage au freaks et aux geeks du monde, aux non-conformistes, aux rêveurs, aux petits marginaux enchantés, aux paumés même, à tout ceux qui échappent à une forme de rapidité (on pense à la scène de la traversée de l'autoroute). Plongés dans une irrévérence parfaitement jouissive et un imaginarium «Rated R», Keith L. Williams, Brady Noon et Jacob Tremblay se révèlent absolument impeccables, fidèles à leurs pairs. Alors il y aura des airs de déjà-vu, certes, et l’impression d’un remake de «Superbad» pour la génération Z, mais en 10 ans la société a bien évolué. Plus qu’un remake, disons que «Good Boys» est une mise à jour, consciente, pertinente.
En bref!
Nouveau long-métrage de Gene Stupnitsky, et sous la coupole des producteurs Jonah Hill et Seth Rogen, «Good Boys» est certainement un remake de ses pairs mais une farce sur l’adolescence toujours réjouissante et contemporaine.
3,5/5 ★
Plus d'informations sur «Good Boys». Au cinéma le 21 août.
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