Interview21. Oktober 2024 Cineman Redaktion
Mehdi Idir et Grand Corps Malade sur «Monsieur Aznavour» : «Charles a toujours fait partie de nous, de la famille»
Les réalisateurs Mehdi Idir et Grand Corps Malade et l’acteur Tahar Rahim étaient de passage à Genève pour présenter «Monsieur Aznavour» en avant-première. Cineman les a rencontrés.
(Propos recueillis et mis en forme par Marine Guillain)
Cineman : Vous souvenez-vous de la première fois que vous avez entendu du Charles Aznavour?
Mehdi Idir : Non, il a fait partie de nos vies si tôt que je ne m’en souviens pas. Ce dont je me souviens, c’est que mes parents l’écoutaient beaucoup et parfois quand tu es petit, tu n’aimes pas ce qu’écoutent tes parents. Aznavour était un des rares que j’aimais, j’ai baigné dans sa musique depuis ma plus tendre enfance
Grand Corps Malade : Tout pareil, il a toujours fait partie de nous, de la famille.
Et votre première rencontre avec lui?
GCM : C’était dans le bureau de ses éditions, j’étais très impressionné. Il avait passé 80 ans, il venait de sortir un album et voulait me montrer ses nouveaux textes pour le prochain. Ça résume l’énergie de ce monsieur!
MI : Moi je l’avais croisé au Palais des Congrès, et la fois suivante, je suis allé manger chez notre ami et producteur Jean-Rachid Kallouche, le gendre d’Aznavour. Charles nous a rejoint, et nous avons discuté appareils photos et optiques!
Quelle a été la première impulsion pour le projet du film?
GCM : Charles avait vu «Patients», notre premier film, produit par Jean-Rachid, et il lui avait dit : «Si un jour il y a un film sur ma vie, je veux que ce soit toi qui t’en occupes». Jean-Rachid lui a répondu: «Est-ce que ça pourrait être Mehdi et Fabien qui le réalisent?», et il a dit oui. Sans ça, on n’aurait jamais eu le culot d’y penser, c’est un cadeau qui nous est tombé dessus.
On a failli démarrer avec lui comme consultant, mais il est mort presque à ce moment, alors on a mis le projet de côté. On a réalisé «La Vie scolaire» entre-temps, puis on s’est remis dessus, très conscients, ou alors très inconscients, de la montagne qui nous attendait. Grâce à la légitimité que Charles nous avait accordé de son vivant, on avait cette force et cette confiance.
Dans votre biopic, qu’est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui est fictionné?
MI : Tout est vrai, avec quelques petits ajustements chronologiques. Parfois, il faut trouver des raccourcis pour ne pas arriver à un film de cinq heures.
Justement, comment faire le tri et choisir ce que vous avez mis dans le film ? Vous auriez d’ailleurs pu faire une série…
MI : On y a pensé, mais c’était prévu avec Charles que ça sorte au ciné, alors on s’est tenus à ça. Mais c’était dur, dur d’enlever des pages au scénario, et encore plus dur de couper des scènes au montage, ça fait mal au cœur.
GCM : Notre fil rouge était d’expliquer la trajectoire de Charles, qui débute fils de réfugiés très pauvre, petit, pas beau, avec une voix voilée, pour devenir un monument de la chanson française. On voulait expliquer au mieux cette route, qui il était et ce qu’il avait dans la tête.
Une découverte vous a-t-elle plus marqués qu’une autre à son sujet en préparant le film?
MI : J’avais conscience qu’il était un énorme travailleur, mais pas à ce point-là. Toutes les étapes d’une vie d’artiste ou n’importe quel autre chanteur aurait baissé les bras, lui, il a tenu, et il a travaillé davantage pour aller encore plus loin.
Quand le directeur de casting vous a dit : «J’ai trouvé Charles Aznavour, ce sera Tahar Rahim», alors que personne n’y avait pensé, qu’est-ce que vous vous êtes dit?
MI: On s’est regardés en se disant qu’on était débiles de ne pas y avoir pensé ! On est proches de Tahar, il suivait le projet du film et il nous donnait même des conseils pour le casting! Lorsqu’on l’a appelé pour ça, il nous a d’abord dit qu’on était totalement fous, puis il nous a rappelé trois jours plus tard pour nous dire qu’il pensait pouvoir le faire.
Et comment trouve-t-on son Edith Piaf après «La Môme»?
GCM : Avec un long casting et on prend la meilleure, qui était Marie-Julie Baup. On a abordé Edith Piaf par l’angle de l’humour, qui n’a pas beaucoup été traité dans «La Môme», car Charles disait beaucoup qu’elle était extrêmement drôle, malgré son côté dur et tyrannique. Comme Tahar, elle a vraiment chanté dans le film, donc c’est une grosse performance.
Quel est votre biopic préféré ?
Les deux : «Ray». Les ellipses marchent très bien et Jamie Foxx est incroyable.
Et votre chanson d’Aznavour préférée?
MI : Cela dépend des moments, mais là maintenant, je dirais «Les deux guitares».
GCM : en ce moment, c'est «Désormais», j’adore sa façon de raconter une rupture avec un rythme qui déménage.
A découvrir au cinéma à partir du 23 octobre.
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