Interview24. Oktober 2022 Cineman Redaktion
Eddie Redmayne sur «Meurtres sans ordonnance»: «Je me prépare jusqu'à ce que le personnage fasse partie de moi»
Dans «Meurtres sans ordonnance», une infirmière mère célibataire se prend d'affection pour un nouveau collègue bienveillant. Mais derrière son visage d'ange, ce dernier cache une série de meurtres à son actif.
(Un article de Marine Guillain)
La véritable histoire de Charles Cullen
La série «Dahmer», qui raconte la véritable histoire du «cannibale de Milwaukee», fait un carton depuis sa mise en ligne le 21 septembre. Sortie le 15 octobre, l'excellente production française «Les papillons noirs», qui explore la relation entre un écrivain et un retraité au passé de serial killer, n'est pas en reste. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les tueurs en série sont à la mode cet automne, tout du moins sur Netflix. La plateforme frappe un nouveau coup avec le film «Meurtres sans ordonnance» («The Good Nurse» en VO), réalisé par le Danois Tobias Lindholm. Ce long métrage est adapté du livre «The Good Nurse», paru en 2013, dans lequel Charles Graeber retrace l'histoire du meurtrier Charles Cullen.
Un ami qui vous veut (presque) du bien
Mère célibataire souffrant d'un grave problème cardiaque, Amy est épuisée par le rythme imposé par son travail dans l'unité des soins intensifs. Un jour, débarque un nouveau soignant, aussi efficace et prévenant qu'empathique: Charlie. À force d'enchaîner les longues nuits à l'hôpital, les deux infirmiers nouent une amitié solide. Amy accueille de plus en plus souvent Charlie chez elle, lui-même heureux de pouvoir la soulager dans l'éducation de ses deux filles. Puis, ce bel équilibre est mis à mal lorsqu'une série mystérieuse de décès de patients déclenche une enquête policière. Amy découvre que des faits semblables se sont produits auparavant dans d'autres hôpitaux, et à chaque fois, Charlie y travaillait... Elle ne peut alors pas faire autrement que de soupçonner son meilleur ami, et va tout risquer pour faire éclater la vérité.
Un solide thriller
Thriller psychologique à l'esthétique glaciale, «Meurtres sans ordonnance» fait mouche en ne montrant pas les crimes du meurtrier et surtout, en ne cherchant jamais à expliquer ce qui a motivé ce dernier. Ni sordide ni voyeurisme donc, le focus est réglé sur la relation entre Amy et Charles, ainsi que sur les dysfonctionnements du système. Quoiqu'un peu trop lisse, le récit se révèle prenant jusqu'au bout. Et pour incarner celui qui a avoué avoir assassiné une quarantaine de patients au cours de ses seize ans de carrière d'infirmier dans le New Jersey, qui de mieux que l'angélique Eddie Redmayne? L'acteur britannique de 40 ans se glisse à merveille dans la peau de ce personnage aussi mystérieux qu'ambivalent. Il y donne la réplique à Jessica Chastain, elle aussi brillante et parfaitement convaincante sous les traits d'Amy.
Bon acteur, mauvais infirmier
«J'essaie d'approcher toute chose avec humanité. Ce que Charles Cullen a fait était monstrueux, mais il était aussi un être humain», nous a confié Eddie Redmayne au Zurich Film Festival en septembre dernier, où nous l'avons rencontré. Son empathie et son envie d'aider les autres étaient réelles, selon Amy. «C'était essentiel pour moi de mettre en avant cette gentillesse.» La star des «Animaux fantastiques» et de «The Danish Girl», oscarisé en 2015 pour son interprétation de Stephen Hawking dans «Une merveilleuse histoire du temps», a travaillé plusieurs mois avec un coach et avec un chorégraphe pour se préparer à ce rôle particulier: «J’ai regardé des photos, j'ai lu... Je fonctionne ainsi: j’essaie toujours de regrouper un maximum d'informations, puis de laisser le tout mariner pendant un mois ou deux, afin qu’au moment du tournage, le personnage fasse partie de moi. Pour «Meurtres sans ordonnance», nous avons aussi passé du temps dans un hôpital pour nous préparer.» Le comédien marque une pause, son œil pétille, et il ajoute un sourire en coin: «Mais j'étais incroyablement mauvais comme infirmier, alors si vous êtes malades un jour, ne venez jamais vers moi!»
En plus de tout ça, Eddie Redmayne a beaucoup communiqué avec la vraie Amy: «Je n'ai pas pu la voir en personne avant le tournage, car nous étions en plein Covid, mais nous avons fait beaucoup de zooms. Il y a des complexités dans le personnage qu’elle m’a aidé à surmonter». Quant à Charles Cullen, actuellement dans une prison ultra-surveillée, il ne l'a jamais rencontré, en partie parce qu'il craignait «d'être manipulé». L'acteur précise aussi que le fait de ne pas connaître les raisons qui ont poussé le tueur à agir ainsi était pour lui l'un des aspects les plus intrigants du scénario. «On a une logique différente, donc même s'il avait expliqué ses actes, est-ce qu'on l'aurait cru?» renchérit Tobias Lindholm. «C'est trop complexe, trop sombre, trop irréel. La question à se poser est plutôt: Comment le système a-t-il pu permettre à ce tueur en série de s'en sortir aussi longtemps?» Le réalisateur danois explique que son film est une histoire de tueur en série en surface, mais qu'au fond, c'est un récit de courage: «celui d'une femme qui s'élève contre le système et qui utilise l'amour pour stopper la violence». Il précise qu'aujourd'hui encore, il est très difficile de prouver la responsabilité des hôpitaux, qui ne sont pas incriminés légalement pour ce qu'il s'est passé. Et de conclure: «Mais j'espère que cette histoire aidera à bâtir un meilleur système».
3/5 ★
«Meurtres sans ordonnance» est disponible le 26 octobre 2022 sur Netflix.
Bande-annonce
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