Review15. Dezember 2021 Sven Papaux
«La Panthère des neiges» - L’éloge de la patience
Sylvain Tesson s’était distingué avec son livre «La Panthère des neiges», couronné par le prix Renaudot 2019 et des ventes affolantes dans les librairies. Place au film, avec son ami et photographe animalier Vincent Munier. Un voyage sur une musique de Nick Cave et Warren Ellis à travers la pensée et le froid glaçant du Tibet.
Sur les hauts plateaux tibétains, un écrivain, Sylvain Tesson, et un photographe animalier, Vincent Munier, se lancent dans une quête, celle de la panthère des neiges. L’art délicat de l’affût, de la lecture des traces et de la patience nécessaire pour entrevoir les bêtes. Une aventure empreinte de silence, où les présences invisibles offrent une réflexion sur l’écosystème, l'espèce humaine, et la vie en général.
Au milieu de l’hystérie de notre monde, il y a un monde invisible qui vit. Un voyage au Tibet, oui, mais surtout un voyage de l’immobile. Sans bouger, ce sont les plaines de l’âme qui sont habitées à travers les paroles de Sylvain Tesson, à travers les clichés majestueux de Vincent Munier. Une nature sauvage, de longues marches, le froid glaçant pour deux compagnons d’aventure en direction de la panthère des neiges. La course aux indices, une percée en forme de manifeste anti-moderne pour deux hommes avalés par ces plateaux immenses. À l’affût d’une bête, à l’affût d’un écosystème.
«un savant équilibre entre la lenteur et les paysages sublimes...»
«La Panthère des neiges», réalisé par la documentariste Marie Amiguet, est une ode à la nature et à la contemplation. Un film réalisé en trio, certes, mais la tâche délicate d’Amiguet, invisible, est infiniment importante dans le montage et les prises de son. Un travail sur la rythmique, un savant équilibre entre la lenteur et les paysages sublimes. Une expérience sensorielle avant d’être un film. Et dans cette randonnée en harmonie avec l’environnement, la révélation d’un monde silencieux. Sillonner le Tibet pour brosser une réflexion sur la relation que nous avons avec les animaux, et plus globalement avec la Terre.
Tesson profite de marier ses mots, ses écrits avec les photos de Munier. Un bel alliage, un élan poétique épousant la course vers une silhouette, une bête que les deux compères ne sont pas sûrs d’apercevoir. Courir après une chimère: une métaphore de notre époque? Le film pose des questions, nous apprend à observer et patienter. Elle est loin la civilisation. Ici, la nature fait la loi, et l’Homme ne peut que s’agenouiller et acquiescer. Une leçon de modestie cadrée par une cinéaste et deux aventuriers armés de leur humilité.
4/5 ★
Le 15 décembre au cinéma. Plus d'informations sur «La Panthère des neiges».
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