Review20. August 2021

«Les Fantasmes» - Évocation mollassonne de désirs cachés

«Les Fantasmes» - Évocation mollassonne de désirs cachés
© Elite Film

Six fantasmes pour six duos en mal de désir, ou quand tous les moyens sont bons pour donner un coup de boost à une vie sexuelle ronflante. Emmené par un casting XXL, le nouveau film à sketches signé les frères Foenkinos s’attaque mollement au sujet brûlant des fantasmes au sein d’une poignée de couples essoufflés par la routine.

Ils s’appellent Jean, Sabrina, Vincent, Claire ou Louise, et tous essaient de garder à flot leur couple en proie à une lassitude sexuelle programmée. Dix ans de mariage et de position du missionnaire ont de quoi entamer sérieusement la libido. Alors, pour redonner des couleurs à leur train-train sexuel respectif, les six duos décident d’assumer leurs fantasmes en se lançant, parfois un peu malgré eux, dans des aventures aussi bizarres que périlleuses.

Être excité par l’idée de jouer un rôle, être excité par la sœur de l’être aimé, être excité par les larmes (si, si on vous promet!), être excité par le fait d’être regardé pendant l’acte sexuel, ou encore être excité par tout ce qui touche à la mort, et finalement, le plus nihiliste de tous, être excité par le fait de ne pas faire l’amour. Tous ces fantasmes ont un nom : la ludophilie, la sorophilie, la dacryphilie, l’autagonistophilie, la thanatophilie et l’hypophilie. Six fantasmes étranges certes, mais bien réels, croyez-en les recherches poussées sur le sujet des deux réalisateurs, David et Stéphane Foenkinos, qui ont répertorié pas moins de 250 fantasmes pour les besoins de leur métrage.

«Les Fantasmes» n’a à rougir que de son manque d’audace...– Emma Raposo

Et pour donner vie à ces extravagances charnelles, comptez sur un casting costaud : Monica Belluci, Carole Bouquet, Karine Viard, Nicolas Bedos, Ramzy Bedia, Denis Podalydès, ou encore Jean-Paul Rouve se glissent, avec plus ou moins d’aisance, dans la peau de ces protagonistes aux goûts atypiques. Du couple gay jouissant sur la tombe d’un proche, à la femme qui ne peut désirer son mari que lorsque ce dernier verse sa petite larme, en passant par les adeptes de la mise en scène vidéo à chaque ébat, « Les Fantasmes » nous dresse un panel bigarré des obsessions sexuelles dans lesquelles certaines et certains s’aventurent. Et si, sur le papier, il y avait de quoi être curieux, le film, inspiré de « If You Love Me », métrage australien sorti en 2014, n’ose jamais tremper les orteils dans le subversif, le rendant vaguement gênant par moment.

«Les Fantasmes» - Évocation mollassonne de désirs cachés
Suzanne Clément et Denis Podalydès dans «Les Fantasmes» © Elite Film

Mais voilà, quand les fantasmes, sujet ô combien politiquement incorrect, est le thème central d’un film très (trop) politiquement correct, il y a comme un hic. La pente était très glissante, il fallait donc prendre son élan et se lancer franchement pour ne pas se vautrer magistralement. Le film des frères Foenkinos, lui, patine et se casse la figure à force de se contenir dans un carcan bien-pensant. Faute de prendre leur sujet à bras le corps, les réalisateurs s’en tiennent à quelques pâles sketches très gentillets, qui ne titillent pas plus qu’ils ne font rire, et d’une mise en scène frileuse. Passé le premier chapitre qui, on l’avoue, nous a fait sourire une fois ou deux grâce à un Denis Podalydès plutôt investi, les cinq autres sketches sont désespérément plats, servis par des duos d’acteurs peu crédibles dans leur rôle, clin d’œil à peine caché à Monica Belluci et Carole Bouquet en amantes improbables et peu naturelles. «Les Fantasmes» n’a à rougir que de son manque d’audace.

2/5 ★

Depuis le 18 août au cinéma. Plus d'informations sur «Les Fantasmes».

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