Article28. Mai 2024

Make losers great again, Sean Baker en 4 films et 1 surprise

Make losers great again, Sean Baker en 4 films et 1 surprise
© «Red Rocket» © Drew Daniels / «The Florida Project» © Filmcoopi / «Tangerine» © Imdb

Il vient de décrocher la Palme d’or avec «Anora», son septième long métrage. L’occasion de redécouvrir l'un des petits prodiges du cinéma indé américain. Tour d’horizon.

1 - «Tangerine» (2015)

Tourné à l’iPhone, le formidable «Tangerine», raconte les pérégrinations d’Alexandra (Mya Taylor) et de Sin-Dee (Kitana Kiki Rodriguez), une jeune personne trans et travailleuse du sexe à la recherche de son proxénète et compagnon après sa sortie de prison la veille de Noël. Sean Baker signait une déambulation explosive, brute, organique et magnifique alors que la nuit tombe sur la cité des Anges.

2 - «The Florida Project» (2017)

Certainement le film qui lui permet d’accéder à la reconnaissance internationale, Sean Baker y observe la population démunie qui vit dans la banlieue de Disney World en Floride. On y découvre un électron libre de 6 ans, Moonee (Brooklynn Prince), qui fait les 400 coups dans un motel avec sa troupe. Connu pour observer la marginalité des États-Unis, le cinéaste dévoilait un film authentique d’une puissance émotionnelle rare, l’occasion aussi d’y croiser l’aura légendaire de Willem Dafoe.

3 - «Starlet» (2012)

Annonciateur d’un cinéaste à suivre et d’un nouveau souffle, en 2012, Sean Baker débarquait en Compétition au festival de Locarno avec l’étonnant «Starlet». Une histoire comme il en a désormais le secret, celle d’une amitié improbable entre Jane (formidable Dree Hemingway), la vingtaine, et Sadie, incarnée par la touchante Besedka Johnson. Découverte dans une salle de gym à Hollywood à l’age de 85 ans pour son premier rôle, elle s’éteindra 2 ans plus tard. L’actrice prêtait son visage à cette femme âgée aigrie par les années avec qui Jane fera un bout de chemin après avoir découvert un petit pactole dans un vide-grenier. Un film acclamé par la critique, qui présageait d’une sensibilité singulière, caractéristique de ce qui allait faire sel des œuvres de Sean Baker.

4 - «Red Rocket» (2021)

Malgré sa présence en Compétition à Cannes en 2021 et le sceau de la maison A24 sur l’affiche, la sortie de «Red Rocket» aura été un peu silencieuse. Sean Baker y dévoilait un Simon Rex («Scary Movie» (3, 4 & 5), ou encore «The Sweet East») dans la peau d’un acteur de films pour adulte qui revient dans son patelin du Texas à l’aube de l’élection de Donald Trump. Un retour semé d’embuches chez son ex-femme et son ex-belle-mère pour une ode à la Baker aux underdogs, aux has been et autres lumineux losers de l’antichambre de l’Amérique. Porté la prestation toute voile dehors de Simon Rex (qui rejouait un peu de sa vie), si l’énergie du personnage a fait grincer quelques dents, l’acteur signait un come-back qui aura marqué les esprits.

5 - La surprise: «Take out» (2004)

Une journée dans la vie d’un immigré sans-papier chinois qui travaille comme livreur à New York. En 2004, la réalisation de Sean Baker et Shih-Ching Tsou faisait grand bruit dans les petits festivals indépendants d’outre-Atlantique, et ce jusqu’à être présenté au Fribourg International Film Festival en 2003. Un style qui emprunte au réalisme social, une démarche quasi documentaire, Charles Jang porte la réalité brutale de ce personnage qui ne cesse d’accepter des livraisons pour rembourser sa dette. Difficile aujourd’hui de trouver un endroit pour visionner ce film, «Take out» mérite néanmoins toute votre attention.

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