«Murder Mystery» - Les Bidochon dans une mauvaise partie de Cluedo

Tout petit divertissement estival de ce mois de juin, Jennifer Aniston et Adam Sandler se retrouvent embarqués dans une comédie d’un genre Agatha Christie sous Xanax. Dans «Murder Mystery» les classiques du genre se mêlent avec plus ou moins de finesse. Disponible depuis le 14 juin sur Netflix.

Elle est coiffeuse pour les desperate housewifes de New York, il est détective. Quand Audrey Spitz et Nick Spitz, un gentil couple en route pour une lune de miel en Europe après 15 ans de mariage, se retrouvent invités sur le yacht d’un intriguant et séduisant vicomte anglais, les tourtereaux se retrouvent au milieu d’une visqueuse affaire d’héritage. Bientôt, la lumière s'éteint et le premier coup de feu se fait entendre.

Grosses chaleurs et crème solaire, mais oui, mais oui l’école est finie, c’est l’été, la saison des fraises et des gros nanars sans substance qui s’entassent sans gêne comme des cabines de plage. Vous transpirez, on vous file du pâté en croûte. C’est l’été, c’est niais, c’est la règle. Marronnier de la triplette juin-juillet-août, quitte à se dorer la pilule, autant le faire avec un bouquin. Et pourquoi pas (re)lire Agatha Christie, se replonger dans Poirot et l’immense «Crime de l'Orient-Express» ? Réalisé par Kyle Newacheck, sur un scénario de James Vanderbilt (auteur du «Zodiac» de Fincher), «Murder Mystery» est de ce genre de comédies si légères qu’elles en deviennent presque condescendantes.

«Murder Mystery» coche inlassablement les cases du genre sans jamais y apporter une once d’originalité.

Un scénario composé avec un pot de crème glacée dans une main, l'autre sur smartphone à consulter n’importe quel classement des meilleures histoires de détectives (par ordre décroissant), «Murder Mystery» s’apparente à une sorte de revival, une interminable partie de Cluedo aux relents de «Magnum, P.I.» (dans une pauvre course poursuite finale). Prévisible, tout y est réalisé dans les règles de l’art. Copier coller, une fois, deux fois, trois fois... «Murder Mystery» coche inlassablement les cases du genre sans jamais y apporter une once d’originalité.

Un peu classiques, un peu boute-en-train, américains, des clichés et des répliques à l’emporte-pièce ; invités dans les hautes cimes de la bourgeoisie multi-milliardaire (Luke Evans et son oncle dans le film interprété par Terence Stamp), Audrey Spitz et Nick Spitz rappellent un peu les Tuche (ou même Les Bidochon), mais dans une version bien trop polie, la première erreur sans doute. Outre quelques répliques bien senties pour Jennifer Aniston et Adam Sandler (on rit deux ou trois fois quand même !), le métrage de Kyle Newacheck manque de profondeur, de vision et d’excentricité. Incroyablement lisse, la niaiserie défile à la chaîne.

La faute à une histoire qui manque de fantaisie et c’est tout le monde qui trinque.

Ni les répliques, ni la construction des personnages, ni la mise en scène, rien ne fascine plus que la capacité du film à stagner dans le pataud. Une intrigue policière dans les eaux françaises méditerranéennes qui introduit même Dany Boon dans le rôle d’un inspecteur somme toute assez sympathique. On passera les ressorts habituels sur l’Italie et la France, et les poncifs récurrents sur la binarité homme-femme. Pourtant rayonnante et surprenante dans le récent «Dumplin'», même Jennifer Aniston s'éteint. La faute à une histoire qui manque de fantaisie et c’est tout le monde qui trinque. Dommage, on pensait même reconnaitre un peu de «Fable de Venise»...

En bref

Tout petit divertissement estival de ce mois de juin sur Netflix, «Murder Mystery» sera suffisant pour raviver quelques lointains et merveilleux souvenirs d'intrigues policières, mais le métrage de Kyle Newacheck trime très loin derrière ses pairs. À peine rafraîchissant.

2/5 ★

«Murder Mystery» est disponible depuis le 14 juin sur Netflix.