Review28. Dezember 2022 Cineman Redaktion
Pourquoi «The Witcher : L'héritage du sang» rate le coche sur Netflix
Trois ans après la sortie de la première saison de « The Witcher », les créateurices de la désormais célèbre série Netflix semblent à court d’idées et de moyens dans cette nouvelle adaptation des romans d’Andrzej Sapkowski. La mini-série entreprend de nous raconter la chute de l’ancienne civilisation elfique provoquée par le premier sorceleur, 1200 ans avant les événements de la série-mère. Jamais à la hauteur de ses trop grandes ambitions narratives, «L’héritage du sang» s’enfonce un peu plus dans la nanardise à mesure que les épisodes défilent.
(Un article d'Eleo Billet)
Trop court, trop vite, trop faible
Comme pour compenser son maigre budget et sa durée réduite de six à quatre épisodes, «The Witcher : L’héritage du sang» fait dans la débauche de sous-intrigues et de ridicule. Sacrifiant presque un tiers du récit à des scènes d’exposition, la série peine dès lors à trouver son rythme et abuse des ellipses. Pire, une heure ne suffit pas à mettre en place ses enjeux à l’échelle universelle ni ses personnages. En effet, les sept guerriers, présentés comme protagonistes et menés par l’elfe barde Éile («Sophia Brown»), ne servent que de vaisseaux de chair à l’intrigue, tant dénués de charisme que d’une évolution marquante. Sans compter les trop nombreux personnages tertiaires, parmi lesquels une fillette aux dons divinatoires, qui encombrent d’autant l’histoire sans bénéficier du moindre épaississement. La sentence est la même pour leurs ennemis caricaturaux aux décisions hasardeuses et à leurs intrigues politiques dignes d’un «Game of Thrones» du pauvre.
La technique en déshérence
Confier à des femmes, ici les réalisatrices Vicky Jewson et Sarah O'Gorman, le gouvernail d’un bateau en train de couler est une décision lâche qui s’est rarement révélée payante. Et malgré leurs tentatives en la forme de quelques beaux plans de discussion autour d’un feu, la scène d’ouverture ou la traversée de plaines rocailleuses, les metteuses en scène ne parviennent pour leur part que rarement à innover à partir du script grossier. Déjà avare en scènes d’actions, la série préfère l’économie du hors-champ et manque en outre d’épique et de frisson. Même la tête d’affiche Michelle Yeoh, autour de laquelle a été faite la promotion, finit rapidement blessée puis dévoile une âme plus stratège que guerrière, laissant le reste de la distribution patauger et le montage rafistoler vainement les combats.
Ces idées qui remontent quelque peu le niveau
Composée par Bear McCreary et régulièrement entonnée par le personnage de Sophia Brown, la musique reste en tête et se mêle assez adroitement aux pérégrinations puis à la quête des sept guerriers. mes en peine, bannis de leurs clans, ces derniers ne sont jamais attachants, mais y gagnent à devenir les figures légendaires d’une épopée racontée un millénaire plus tard à un poète. Si «L’héritage du sang» lorgne du côté de «La Communauté de l’anneau» (2001), elle ne fait qu’effleurer son aura, mais présente au moins une amélioration quant au choix de la distribution, très justement composée d’interprètes de toutes ethnies dans un univers de high fantasy où les discriminations raciales n’ont cours qu’entre elfes, humains et nains.
Un manque d’engagement qui laisse présager le pire?
Même s’il vaut pour l’heure mieux rire des retournements narratifs dignes d’un soap opera et de ses VFX hideux, «The Wicther : l’héritage du sang» n’augure rien de bon quant à l’avenir de la série-mère, bientôt orpheline d’Henry Cavill. Ainsi, la diffusion d’une œuvre aussi médiocre, abandonnée aux spectateurices comme cadeau de Noël empoisonné, semble un témoin de la chute libre des standards de qualité des séries Netflix, dont les conséquences pourraient bien se répercuter sur le reste du catalogue. Seul l’avenir nous le dira.
Sur Netflix depuis le 25 décembre.
Bande-annonce
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