Alors qu’elle vient d’être annoncée pour un film consacré à Lady Diana, en septembre dernier Kristen Stewart présentait le biopic «Seberg» sur le tapis vert du festival de Zurich. Nouveau long-métrage de Benedict Andrews, l’actrice y livre une performance percutante dans la peau de l'icône Jean Seberg qui s’est engagée auprès des Black Panthers à la fin des années 60, alarmant au passage les charognes du FBI.
Chez Jean-Luc Godard, aux côtés de Jean-Paul Belmondo, Jean Seberg devient une icône de la Nouvelle Vague à la française. Actrice entre deux eaux, un peu aux Etats-Unis, et surtout en France; de son mariage mouvementé avec Romain Gary (Yvan Attal) jusqu’à sa liaison avec Hakim Jamal (Anthony Mackie), célèbre activiste des Black Panthers, l’actrice devient une cible traquée par les tabloïdes et fait l’objet d’une surveillance illégale du FBI. Une vie étalée avec indécence pour une dégringolade vertigineuse.
Romain Gary sur le palier d’un appartement à Paris, des adieux polis, l’écrivain reste statique, l’actrice s’envole, un rôle l’attend outre-Atlantique, et leur fils, impuissant. Dès l'entame «Seberg» manquera de puissance, une crédibilité empêtrée quelque part dans l’anglo-francophilie du couple interprété par Yvan Attal et Kristen Stewart et pourtant, «Seberg» ouvre là un drame élégant. Une figure féminine émancipée en marge, sinon en avance sur son temps. C’est dans un avion, en suspens, aux dessus des eaux internationales, qu'elle fait la connaissance de Hakim Jamal. Le ton monte alors que l’homme souhaite payer pour s'asseoir en première classe (vide), l’hôtesse lui en refuse l’accès, objectant ne pas «faire de politique», comprenez «vous êtes noir et musulman». Ouverture dans l’ombre de Rosa Parks, Jean Seberg s’en mêle et l’arrivée à l’aéroport se fera le poing levé, elle aussi et sous les yeux de la presse.
«Une vie étalée avec indécence pour une dégringolade vertigineuse...»
Jean Seberg et les Black Panthers, un scoop lancé aux journalistes comme de la barbaque aux fauves. Les photographes s’agitent, dès lors Jean Seberg est estampillée actrice «politisée», proche d’un mouvement «radical». Les journaux se lèchent les babines, et le FBI aussi. Voilà un mouchard idéal pour s’immiscer chez les Black Panthers. Ambiance «BlacKkKlansman»; dès le premier soir, l’actrice fait l’objet d’une surveillance illégale. Bientôt sur écoute, l’intimité de l’actrice est passée au crible, dépouillée, photographiée, documentée. Et les petits monarques du FBI transforment la surveillance policière en campagne de diffamation publique.
Larbins du bureau fédéral, abjects, éreintés, Vince Vaughn et Jack O'Connell (qui rappelle l’Hauptmann interprété par Ulrich Mühe dans «La vie des autres») mettent en exergue l’absurde et l’horreur des planques à outrance. Un discours sur la gérontocratie américaine et la suprématie blanche, garante de la prétendue bonne foi chrétienne, pour lyncher «l’hérétique» Jean Seberg. Le réalisateur Benedict Andrews décroche un sacré swing dans la tronche de l’administration américaine. Révoltant lorsqu’il parle les années 60/70 (et donc de notre époque), «Seberg» piétinera un peu dans son exécution.
En bref!
Victime d’une surveillance illégale, malsaine et surpuissante qui lui coûtera la vie, l’histoire de Jean Seberg est ici rendue avec une maîtrise indéniable signée Kristen Stewart. Moins convaincant dans la facture, le long-métrage de Benedict Andrews trouve néanmoins une belle résonance avec notre époque.
3,5/5 ★
Plus d'informations sur «Seberg».
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