Review22. Juli 2021 Maxime Maynard
«Space Jam: A New Legacy» - Pour trentenaires nostalgiques
1996. Le phénomène Space Jam arrive au cinéma. Star du basket-ball et symbole des années 90, Michael Jordan y est la figure centrale. Le film est un triomphe au box office, et devient vite adoré par toute une génération. Il était impensable qu'une suite ne voit pas le jour. Et Dieu sait que les studios ont essayé. Les idées se sont enchaînées sans grand succès. 2014. Le projet est finalement mis en route. Malcolm D. Lee se retrouve à la direction, LeBron James prend le rôle principal. 2021. Enfin pouvons-nous découvrir l'œuvre finale ; nous replonger dans le bain de l'enfance ; retrouver les Looney Tunes et leur monde rocambolesque, dans une histoire cultivée avec soins par les studios depuis tant d’années; et de nous demander haut et fort : tout ça pour ça ?
LeBron James, champion de basket-ball, voudrait bien que Dom (Cedric Joe), son deuxième fils, s’intéresse à ce sport autant que lui. Mais, petit génie d'informatique, celui-ci ne pense qu’à créer des jeux vidéos. En visite aux studios Warner, les deux se retrouvent pris au piège de l'univers numérique d'Al-G Rhythm (Don Cheadle), une intelligence artificielle mégalomane. Pour retrouver le monde réel, LeBron va devoir s'associer aux Looney Tunes et vaincre les Goons, champions numérisés par Al-g-rythm, dans un match de basket-ball. S'y joue leur liberté, et la relation du champion avec son fils.
LeBron James n'est pas un acteur. Si son apparition dans «Trainwreck» avait convaincu, il n'est pas forcément prêt à porter le poids de tout un film sur les épaules. Il réussit bien de temps en temps à être, en fonction des scènes, plus ou moins crédible, mais ses effusions (ou manque d'effusion) d'amour paternel nous laisse de glace. La relation avec son fils, point central du film, n'accroche en rien notre attention. Peut-être est-ce l'utilisation et la réutilisation de cette thématique? Que le manque de communication intergénérationnelle soit sujet universel, soit, mais un traitement différent de l'histoire, en fonction du jeu d'acteur de LeBron, aurait peut-être pu, sans briller d'une originalité créatrice, au moins avoir le mérite de nous divertir. Heureusement que les Looney Tunes sont là. Reprenant le principe du Space Jam de 1996, le film mêle animation et prises de vues réelles. Les dessins sont agréables à regarder. Le passage de la 2D à la 3D se fait sans accroche. On apprécie de voir Bugs Bunny et ses compères avec un certain relief, une certaine texture. Le comique abracadabrant, propre à la joyeuse bande, est présent, et, tout en restant prévisible, réussit à nous arracher quelques sourires.
Le jeu finit par s’étirer et l’overdose est proche.
«Space jam: a new Legacy» n'est pas vraiment destiné aux enfants. Pour une duré de 115 minutes, soit 25 de plus que le film de 1996, il n’essaie pas vraiment de leur être attrayant. Les studios ont clairement compris ça. Les enfants des années 90, voilà le spectateur actuel. Ces trentenaires nostalgiques, vivant dans le souvenir de Michael Jordan. Les références désuètes s’enchainent dans l'effort proustien d’émettre les bonnes odeurs de notre enfance. MC Hammer ? Oui. Matrix ? Voilà pour vous. Harry Potter ? Mais certainement. Le match de basket-ball se transforme en un «qui est qui» géant. Mais même s’il est amusant de retrouver au milieu de la foule les personnages de «Batman», «Orange Mécanique», ou «Game of Thrones», le jeu finit par s’étirer et l’overdose est proche. Le long métrage se transforme en véritable catalogue des studios. Les frères Warner se font leur pub, grand bien leur fasse.
Loin d’être un chef-d’œuvre, «Space Jam: A New Legacy» remplira plus ou moins les attentes du public visé. Oui, il pourrait certainement se laisser regarder dans diverses occasions. Les soirs d’ennui; ceux de pluie; mais surtout quand 2 heures semblent une durée raisonnable et qu'il n’y rien, mais vraiment rien, d’autre à regarder.
2/5 ★
Le 21 juillet au cinéma. Plus d'informations sur «Space Jam: A New Legacy».
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