Review20. September 2021 Sven Papaux
«Tides» - La fertilité pour mission scabreuse
Produit par Roland Emmerich, c’est le Suisse Tim Fehlbaum, exilé en Allemagne depuis belle lurette, qui occupe la place de réalisateur et s’essaie au cinéma post-apocalyptique avec Tides, présenté à la dernière Berlinale.
Dans le futur, la Terre est dans un état chaotique, fuie par de nombreux humains. Loin, très loin, il y a Kepler 209, où les plus riches ont élu domicile. L’astronaute Blake (Nora Arnezeder) est l’une des membres de cette colonie et se retrouve envoyée sur Terre pour répondre à un problème qui ronge les hommes : ils sont infertiles. Un sacré souci qui entraine la disparition de générations futures. Blake et sa bande sont les derniers remparts avant le déclin des siens.
Un petit carton d’allumettes commémorant le premier homme ayant marché sur la Lune ; un défilé de cartons expliquant que la Terre telle que nous la connaissons est devenue inhabitable (changement climatique, pandémies, guerre). Puis, une entrée en matière radicale, immersive. Un début sur les chapeaux de roues qui nous permet de rapidement mettre les pieds dans un milieu hostile, où la brume avale la mer et l’horizon. Blake, le souffle saccadé, découvre un nouveau monde… sa capsule écrasée et son équipage meurtri - un membre mort et l’autre dans un piteux état, dénommé Tucker (Sope Dirisu). Il ne reste que Blake de valide, parée à braver les quelques heures qui la sépare de la remontée des eaux. Mais la météo joue les trouble-fêtes et une bande de charognards débarque pour les attaquer. Une course contre les éléments, contre des survivants remontés.
Malgré les errances, l’emballage apparaît comme satisfaisant et démontre de belles ressources.
«Tides» inspire un croisement entre «Children of Men» et «Waterworld» et de nombreux films SF dans le genre. Pas de nouveautés à l’horizon, mais une envie de faire du cinéma, d’empoigner sa caméra et de se mettre en danger. Alors oui, le scénario de Fehlbaum est sans véritable relief, mais la pellicule ne cherche pas à revisiter une quête existentielle, ni à échafauder une critique de notre époque. Le cinéaste suisse injecte simplement une idée du déterminisme dans un monde qui ne veut pas voir son espèce s’éteindre. Nora Arnezeder y croit, incarne ce courage et cette souffrance face aux vents et marées.
Le véritable problème, si l’on excepte cette caméra instable et parfois nauséeuse, réside dans l’imbrication entre les différents personnages. La couche émotionnelle ne fonctionne pas, comme ces révélations et ces strates dramatiques qui font dériver le film vers un final un peu convenu et mollasson. Malgré les errances, l’emballage apparaît comme satisfaisant et démontre de belles ressources. Surtout, comment ne pas saluer un Suisse qui ose un geste de cinéma, un pas dans la science-fiction qui plus est.
3,5/5 ★
Le 22 septembre au cinéma. Plus d'informations sur «Tides».
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