Février 2022, Kamila Andini envoute le jury de la 72e Berlinale avec «Nana - Before, Now and Then» et remporte l’Ours d’argent. Aujourd’hui, elle présente Yuni, une histoire qui, malgré des spécificités culturelles, saura être la voix d’une adolescence internationale.
Yuni (Arawinda Kirana) est une jeune fille d’un village d’Indonésie. Si son avenir semble incertain, ses notes pourraient lui ouvrir les portes d’une éducation supérieure. Mais voilà, à 16 ans, elle est en âge de se marier. Les demandes s’enchaînent, la pression de ses pairs augmentent. Mais Yuni est déterminée à suivre sa voie.
L’aura violette d’une chambre d’adolescente ouvre le film. Là, doucement, Yuni s’habille, se prépare pour l’école. Par cette plongée directe dans son intimité, le long métrage confirme : cette histoire sera la sienne, vue à travers ses yeux. Un regard qui dicte la composition et la construction même de l’œuvre.
«Yuni» devient la voix d’une population encore sous contrôle de la tradition.
Ainsi, une image tremblante, propre à la caméra à l’épaule, devient fixe ; la variation de plans s'enchaîne ; les transitions se font brusques et bruts ; les couleurs, en particulier le violet, remplissent l’écran. Le rythme d’une jeunesse qui, à l'aube de son adolescence, se retrouve confronté aux attentes propres à son genre.
Si la jeune Yuni reste libre de refuser une demande en mariage, son choix se trouve dicté par les superstitions et la pression de son entourage. Pourtant, elle n’est toujours qu’une enfant. Le film évolue dans l’opposition permanente de son histoire, illustrée avec simplicité.
La vie de son personnage, c’est celle de nombreuses femmes en Indonésie.
Ainsi, chahutant, la jeune fille et une amie se maquillent, prennent des photos, s’amusent. En hors-champ, une voix, celle de l’amie, raconte son mariage, la violence de son mari, le déni de sa famille. Et nous observons, touchés par ce contraste.
Dans le rôle titre, Arawinda Kirana traverse les magnifiques décors avec délicatesse. Elle porte le film avec force et espoir. La vie de son personnage, c’est celle de nombreuses femmes en Indonésie. Ces femmes, ces actrices, ces artistes, Kamila Andini y a fait appel pour l’aider à construire son projet.
Loin de n’être qu’une simple critique de la société, «Yuni» devient la voix d’une population encore sous contrôle de la tradition. Une tradition qui transforme le mariage et la virginité en acte commercial.
Le film évolue dans l’opposition permanente de son histoire, illustrée avec simplicité.
Si la thématique semble spécifique, son écho à l’international reste bien présent. L’impact de la société sur les femmes, le poids des responsabilités, l’adolescence : des sujets universels qui parleront à un large public. Et bercé par une poésie omniprésente, «Yuni» est de ces récits d’apprentissage qui flottera dans les cœurs une fois le long métrage terminé.
4/5 ★
Depuis le 18 mai au cinéma
Plus d'informations sur «Yuni».
Bande-annonce
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