Article20. Juni 2023 Cineman Redaktion
«Asteroid City», 5 bonnes raisons de plonger dans l’univers de Wes Anderson
Depuis son premier long-métrage «Bottle Rocket» en 1996, Wes Anderson continue de tourner des films fantasques, au récit unique et à l’esthétique remarquable. Nouvelle élucubration du cinéaste, «Asteroid City», ne déroge pas à la règle. Quand Wes Anderson fait du Wes Anderson ? Décryptage!
(De Christopher Diekhaus, traduit de l'allemand)
1 - Safari de stars
La moitié d'Hollywood était-elle en excursion au milieu de la pampa ? Comme dans «French Dispatch», la flopée de célébrités au casting d’«Asteroid City» est impressionnante. À commencer par l’illustre Scarlett Johansson, et puis Tom Hanks dans la peau du beau-père fortuné du protagoniste Augie Steenbeck (Jason Schwartzman). Steve Carell, lui, incarne un gérant de motel, Tilda Swinton une scientifique, Matt Dillon un propriétaire de garage, Jeffrey Wright un général dur à cuire, Edward Norton un auteur de théâtre homosexuel, Bryan Cranston un présentateur de télévision agité, Adrien Brody un metteur en scène, Willem Dafoe un professeur d'art dramatique, Margot Robbie une actrice de télévision et Jeff Goldblum. Bref, un parterre de stars qui piquerait presque la vedette à cette curieuse météorite qui s’est écrasée il y a 3000 ans.
2 - Scarlett Johansson et le charisme de Marilyn Monroe
Nous savons depuis au moins sa double nomination aux Oscars en 2020 (pour «Mariage Story» et «Jojo Rabbit») que Scarlett Johansson est une excellente comédienne et ô combien éclectique. Pour Wes Anderson, elle se glisse dans le rôle de Midge Campbell, une actrice fictive, dont l’apparence à l'écran n'est pas sans rappeler celle de Marilyn Monroe. En reprenant les discussions sur sa propre personne avec une autodérision rafraîchissante, Johansson crée l'un des personnages les plus éblouissants d'«Asteroid City». Sa performance, un peu méta, et son charisme, puisé dans l’âge d’or du cinéma hollywoodien, nous donnent véritablement l'impression d'être en présence d'une diva des années 1950.
3 - La mise en scène et l'optique ? Un régal !
Les protagonistes finalement peu réalistes et le récit-cadre, et ses forts accents méta, empêcheront peut-être le public de s’immerger totalement dans «Asteroid City». Mais le monde artificiel créé par Anderson, et ses touches d'Americana, a quelque chose d'extraordinairement séduisant. Tous les plans sont soigneusement agencés, dotés de multiples et charmants détails ainsi que de couleurs vives. Situé dans ce désert de sable, le cœur de l'action prend des airs de merveilleux pays de la miniature. Il y aura dans chaque coin du cadre quelque chose à piocher. Le réalisateur est sans aucun doute à la hauteur de sa réputation de grand styliste, et ce, même lorsqu'il utilise une optique en noir et blanc, un format d'image presque carré et une narration à l’emporte-pièce.
4 - Un humour décalé
«Asteroid City» n'est certainement pas le genre de film à vous faire rire à gorge déployée. Mais un léger sourire se dessine régulièrement au coin des lèvres. Comme à son habitude, Wes Anderson a le sens du comique, sec et absurde. Un détail parmi d’autre : les habitants ne semblent pas être gênés par les tests de bombes atomiques effectués à proximité de leur petite bourgade. Ils se contentent, tout au plus, de hausser les épaules lorsque la terre tremble. Également très amusant : les trois filles du personnage principal, Augie, diaboliques et fières de l'être, comme le constate avec incrédulité leur grand-père incarné par Tom Hanks. Beaucoup de plaisanteries cachées dans le décor passeront probablement inaperçues lors du premier visionnage. Il convient alors d'y prêter une grande attention lors du deuxième rodéo ! Des petites références et des allusions se sont glissées absolument partout.
5 - Une bouffée d’air frais dans le cinéma américain
Il nous arrive bien souvent de critiquer les productions d’outre-Atlantique, fortement déterminées par des formules préfabriquées et les conventions. Peut-être que le tableau n'est pas toujours aussi morose que celui que nous peignons parfois. En témoigne l'œuvre de Wes Anderson, symptomatique d’un véritable artiste du cinéma, capable de forger une cinématographie exigeante qui se maintient aux États-Unis et à l’international. Sans ses œuvres, qui peuvent toujours compter sur de grandes stars hollywoodiennes, le cinéma américain serait définitivement privé d'une touche de couleur singulière et toujours fascinante. Reste à savoir si Wes Anderson sera capable de se réinventer, mais ça, c'est une autre histoire…
Plus d'informations sur «Asteroid City»
Bande-annonce d'«Asteroid City»
A lire aussi sur Cineman :
Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.
Login & Enregistrement