Critique17. September 2024

Au cinéma: «Ni Chaînes Ni Maîtres», la liberté comme seul horizon

Au cinéma: «Ni Chaînes Ni Maîtres», la liberté comme seul horizon
© Frenetic Films

Le scénariste Simon Moutaïrou passe pour la première fois derrière la caméra pour «Ni Chaînes Ni Maitres», un drame historique narrant le tragique passé de l’esclavagisme sur l’Isle de France, l’actuelle île Maurice. On décrypte!

(Un texte de Kilian Junker)

Massamba (Ibrahima M'Baye) vit avec sa fille dans le domaine de cannes à sucre d’Eugène Larcenet (Benoît Magimel). Si son rôle d’interprète entre les colons français et les esclaves lui assure quelques privilèges, il ne pâtit pas moins de son quotidien de labeur et de violence. Une nuit, sa fille s’échappe. Eugène lance alors à ses trousses Madame La Victoire (Camille Cottin), une impitoyable chasseuse d’esclaves. Massamba n’a alors guère le choix que de prendre la fuite lui aussi, dans l’espoir de trouver sa fille avant ses poursuivants.

Simon Moutaïrou est le nom derrière les scénarios de films aussi divers que «Le Vilain» de Dupontel, «Goliath» ou encore le remarqué «Boite Noire». Il passe ici de l’autre côté de la caméra pour ce survival sur fond de passé colonial français. Et c’est sans doute l’axe le plus passionnant de ce «Ni Chaînes Ni Maîtres» qui dépeint à l’écran l’horrible réalité du racisme institutionnalisé d’un point de vue hexagonal. En effet, si le cinéma américain a souvent brassé ces heures troubles de leur histoire, cela n’a pas forcément été autant le cas en France. «Ni Chaines Ni Maîtres» participe à combler cette lacune…

On sent ici évidemment l’influence du long-métrage «Les Confins du Monde» dans cette imagerie poisseuse terrée dans un écrin paradisiaque. Pourtant, «Ni Chaines Ni Maitres» ne tiendra pas toutes ses promesses, la faute à une interprétation pas toujours convaincante et à des dialogues trop surécrits pour sonner juste. La course-poursuite qui occupe les deux tiers du long-métrage prendra des allures alléchantes de néo-western, mais convoquera trop d’images au goût de déjà-vu pour ne pas s’étioler en chemin.

Toutefois, si ces tares amènent dans leur sillage un ventre-mou qui empèse le film, la conclusion redonne un certain élan au récit déployé par Simon Moutaïrou. Une première tentative de réalisation certes maladroite, mais qui a le mérite de narrer un pan de l’histoire française trop rarement abordé au cinéma, avec une sincérité qui donne évidemment envie de découvrir la suite de la carrière de ce jeune cinéaste. Affaire à suivre…

3/5★

Plus d'informations sur «Ni Chaînes Ni Maîtres»

Bande-annonce de «Ni Chaînes Ni Maîtres»

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