Critique8. Juli 2024 Cineman Redaktion
Au cinéma: «Only the River Flows» de Wei Shujun, dans les méandres de l’enquête
À la fin d’un parcours passant par de nombreux festivals depuis sa présentation à Cannes (Un Certain Regard) en 2023, le troisième film du réalisateur chinois de 33 ans Wei Shujun débarque dans les salles. Ce dernier transforme l’essai avec un polar rigoureux et à l’esthétique léchée, suivant un policier rongé par le doute. Zoom sur «Only the River Flows».
(Une critique de Damien Brodard)
Ma Zhe (Yilong Zhu), inspecteur de police dans une petite ville chinoise durant les années 1990, est chargé par sa hiérarchie d’élucider rapidement une affaire de meurtre. Ce qui n’était censé être qu’une formalité s’avère bientôt plus préoccupant : un sac à main abandonné, une cassette énigmatique ainsi que plusieurs témoins ne font qu’épaissir le mystère. Tourmenté par ce cas et par sa vie de couple, Ma Zhe peine alors à démêler le vrai du faux, se laissant sombrer dans une dangereuse incertitude.
Jeune metteur en scène prometteur, Wei Shujun livre avec «Only the River Flows» un polar austère, porté par une réalisation clinique. Globalement froid et distant malgré une indéniable maîtrise, il peut être délicat de s’impliquer émotionnellement dans ce long-métrage particulièrement aride, dont le récit fouillé, mais nébuleux sur certains aspects, pourrait bien perturber. Il n’en demeure pas moins que Wei profite de la noirceur de son film pour aborder en filigrane certaines problématiques de la société chinoise, comme la conformité de ses citoyens, offrant ainsi une belle épaisseur à son scénario.
En réalité, le film n’est jamais aussi séduisant et inspiré que lorsqu’il s’attarde l’enquêteur perdu dans une affaire qu’il ne parvient pas à résoudre, nargué par ses démons. C’est là que la mise en scène décolle et que Wei trouve son originalité, jusque dans ses choix de décors métaphoriques, à l’image d’une salle de cinéma transformée en commissariat, où l’on doit faire sens des images projetées, à moins que le protagoniste ne se soit enfermé dans un monde d’illusions. Quoique difficile d’accès, ce polar a de quoi intriguer pour l’avenir de son réalisateur!
3,5/5 ★
Au cinéma le 28 juin.
Plus d'informations sur «Only the River Flows»
Bande-annonce de «Only the River Flows»
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