Critique14. Juni 2024

Critique de «Les Guetteurs», télé-réalité monstrueuse

Critique de «Les Guetteurs», télé-réalité monstrueuse
© Warner Bros. Ent. All Rights Reserved

Des personnes enfermées dans une boîte de verre sont observées par des monstres: voilà une sacrée critique des médias! «Les Guetteurs» tire le meilleur parti de son scénario et offre un excellent divertissement d’épouvante malgré de minces écueils.

(Adapté de l'allemand)

Mina, 28 ans, (Dakota Fanning) est arrivée en Ireland après avoir quitté les États-Unis. Elle travaille actuellement dans une animalerie et alors qu’elle transporte un perroquet, sa voiture tombe en panne au milieu de la forêt. Bientôt, la nuit tombe, Mina se perd et découvre une petite cabane. Là vivent trois personnes qui, nuit après nuit, se tiennent face à un miroir sans tain de la taille d’un mur. À l’extérieur, des êtres étranges viennent les épier le soir. Aucune échappatoire n’est possible et Mina est déterminée à en savoir plus sur ces monstres.

«Les Guetteurs» («The Watchers» en version originale) est donc le premier long-métrage de la cinéaste Ishana Night Shyamalan. Si ce nom vous dit quelque chose, c’est qu’elle a notamment collaboré avec son père, M. Night Shyamalan, réalisateur à la barre des récents «Old» et «Knock at the Cabin». Scénario adapté de la nouvelle de l’auteur irlandais A.M. Shine, une fois n’est pas coutume, les rôles s’inversent, et M. Night Shyamalan n’opère qu’en qualité de producteur. Le père et sa fille partagent une passion commune et indéfectible pour l’étrange et les intrigues à rebondissements.

© Warner Bros. Ent. All Rights Reserved

Rien d’étonnant tant «Les Guetteurs» offre une multitude de possibilités horrifiques. De cette maisonnette au milieu des arbres, dont l’intérieur est perceptible aux yeux des monstres grâce à cet étonnant miroir sans tain, aux déambulations des hôtes dans les sombres méandres du bois, Ishana Night Shyamalan assure une bonne dose de frissons.

Néanmoins, et qu’importe si l’intrigue progresse à un rythme soutenu, l’ensemble manquera de développer en profondeur les personnages. Le récit, un peu cavalier, du passé de Mina ne sera pas non plus suffisant pour pleinement convaincre. Et pourtant, l’énergie injectée par le rythme du scenario permet aux «Guetteurs» de nager en surface avec une histoire haletante, pointue et à l’objectif clair. Il n’en reste pas moins qu’à trop vouloir tout nous expliquer, «Les Guetteurs» perd de sa force de frappe.

Alors ne nous faites pas dire ce que nous n’avons pas dit. «Les Guetteurs» reste un bon film d’horreur et doit une partie de sa réussite au folklore irlandais, à des soubresauts maitrisés et à un commentaire sociétale délivré sans atours, qui vient enrichir la pellicule. Faudra-t-il alors s’étonner de voir les locataires de ce mystérieux cabanon s’abreuver de téléréalité? Voir et être vu, la quête de divertissement et l’envie de reproduire, ou de récuser, les modèles perçus à l’écran, caractérisent en fin de compte une partie de nos sociétés. Difficile alors pour le public assis dans la salle de ne pas se sentir happé par ce piège, assez méta, tendu par la cinéaste.

3/5 ★

Depuis le 12 juin au cinéma.

Plus d'informations sur «Les Guetteurs»

Bande-annonce du film «Les Guetteurs»

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