Critique7. September 2022 Theo Metais
«Kompromat» - Solide thriller dans les arcanes de la diplomatie
Le cinéaste Jérôme Salle s’inspire du kompromat dont a été victime un expatrié français en Russie et dévoile un solide thriller dans les arcanes de la diplomatie.
Vain fantassin des relations entre la France et la Russie, en charge du rayonnement de la langue et de la culture française à quelques encablures de la Mongolie, la promotion du directeur de l’Alliance Française aura de quoi laisser pantois. Avec sa fille et son épouse (Elisa Lasowski), ils vivotent tant bien que mal, à 7 000 km de la France, tandis que le magicien de l’hiver revêt son impétueux manteau de glace. Son crime sera d’avoir montré un spectacle de danse aux Rottweilers de l’ancien bloc soviétique. Peut-être aussi d’avoir dansé avec une professeure de français (Joanna Kulig) et accessoirement belle-fille d’un membre du FSB (anciennement KGB). Et voilà que le couperet tombe.
Ainsi, Gilles Lellouche incarne l’histoire (revisitée) de Yoann Barbereau devant la caméra d’un Jérôme Salle décidément bien habile. Et du cauchemar de son protagoniste, Salle en décante deux heures d’un thriller diplomatique savamment écrit. Grande fresque d’une évasion herculéenne depuis le bagne de son kompromat jusqu’à la frontière de l’Estonie. Le concours de l’écrivain Caryl Férey au scénario (Jérôme Salle avait adapté son roman «Zulu» en 2013) participe à la très belle tension narrative qui hante cette histoire.
L’un des commanditaires du massacre de Beslan (2004) est sur les traces du Français, l’hexagone est au fait de son innocence, et pourtant. «Je ne vais pas mettre en péril nos relations avec la Russie pour vos beaux yeux» nous rappelle malicieusement l’ambassadeur de France à Moscou. «Kompromat» raccroche les wagons de l’histoire récente, s'octroie un commentaire sur les héros absurdes et déchus des guerres en Tchétchénie et tacle les relations diplomatiques lorsqu’elles s’opposent à la liberté individuelle. Il court, il court le français… Sorte de «Papillon» contemporain qui, à la barbe du Kremlin, s’est évadé par-delà les plaines de Sibérie, «Kompromat» est certainement l’un des grands thrillers de cette rentrée cinéma.
4 / 5 ★
Plus d'informations sur «Kompromat»
Le 7 septembre au cinéma
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