Critique13. Juni 2019 Emma Raposo
«Elisa y Marcela» - Le premier mariage homosexuel conté sur Netflix
Présenté en compétition à la Berlinale en février, «Elisa y Marcela» a ranimé les flammes du débat houleux concernant la présence des plateformes de streaming dans les festivals de films. Pas franchement le bienvenu à Cannes après la polémique qui a fait rage en 2017, victorieux pourtant à Venise en 2018 avec «Roma» d’Alfonso Cuaròn, Netflix a déboulé à Berlin, en noir et blanc, avec une romance homosexuelle signée Isabel Coixet et visible depuis le 7 juin sur la plateforme du géant américain.
1898, La Corogne. Elisa et Marcela fréquentent la même école. Très vite, l’attirance est palpable. Très vite aussi, les ennuis se font sentir. Le père de Marcela voit d’un très mauvais œil cette amitié bien trop envahissante. La jeune femme est donc envoyée en pensionnat à Madrid. 3 ans plus tard, et après une longue correspondance, les deux femmes se retrouvent enfin pour vivre leur amour. Mais dans ce petit village de Galice, les secrets ne restent jamais bien longtemps cachés. Leur relation en péril, les deux femmes font un choix radical : Elisa devient Mario. Déguisée de la tête au pied en homme, Elisa peut enfin se marier avec sa bien-aimée. Mais la supercherie pourra-t-elle duper les habitants ?
Basé sur le livre de Narciso de Gabriel «Elisa y Marcela : Más allá de los hombres», le film raconte l’histoire vraie de ces deux jeunes femmes et du premier mariage homosexuel au début du 20e siècle. Si plus d’un siècle nous sépare de cette romance, force est de constater que certaines mentalités n’ont toujours pas changé et que l’amour et le mariage homosexuel créent encore et toujours l’indignation. D’ailleurs, la réalisatrice Isabel Coixet plante le contexte actuel en nous rappelant que, plus de 100 ans plus tard, dans encore plusieurs pays du globe, le mariage entre personnes de même sexe est passible de la peine de mort. «Elisa y Marcela» témoigne de cette réalité affligeante, de la difficulté de simplement aimer, de l’injustice et de la cruauté.
«Elisa y Marcela» témoigne de cette réalité affligeante, de la difficulté de simplement aimer, de l’injustice et de la cruauté.
Aussi percutant et intéressant que soit le sujet, Isabel Coixet peine, à travers sa mise en scène pourtant esthétisante, à retransmettre ce sentiment passionnel unissant les deux protagonistes. Coupable de longueurs et de scènes de sexe frôlant le ridicule, un poulpe vient même se mêler à la fête, «Elisa y Marcela» n’a de vraiment passionnant que quelques scènes esthétiquement réussies, mêlant noir/blanc granuleux à des images d’archives. Pour relever le niveau, les deux actrices Greta Fernandez et Natalia de Molina livrent une prestation plutôt convaincante, peu aidées pourtant par des dialogues assez sommaires, voire niais par moments.
En bref !
Un récit qui traîne les pieds pour une romance qui invite des poulpes dans son lit, «Elisa y Marcela» pêche par un scénario se baladant entre ridicule et mièvrerie et où la passion ne reste qu’une mélodie à peine fredonnée mais jamais chantée à gorge déployée. Alors que des films tels que «Call Me By Your Name» ou «Moonlight» avaient embrasé les foules, «Elisa y Marcela» rate le coche. Dommage, le sujet était, lui, passionnant.
2,5/5 ★
«Elisa y Marcela» est disponible depuis le 7 juin sur Netflix.
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