Critique23. November 2021

«House of Gucci» - Ridley Scott revisite le sombre destin de la famille Gucci

«House of Gucci» - Ridley Scott revisite le sombre destin de la famille Gucci
© 2021 Universal Pictures International Switzerland

Il est infatigable Ridley Scott. Après «The Last Duel» présenté à la Mostra de Venise cet été, au tour de «House Of Gucci» de faire son entrée. Deux films pour deux ambiances radicalement différentes. Dans son dernier métrage, le réalisateur britannique présente durant près de 3 heures les dessous peu glorieux de la célèbre famille italienne gangrénée par le pouvoir et l’argent, le malheur en prime.

Patrizia Reggiani (Lady Gaga) est la fille d’un homme d’affaires milanais. Excentrique, un peu fofolle, elle séduit tout de suite Maurizio Gucci (Adam Driver), plus habitué à rencontrer des jeunes filles bourgeoises, plus au goût de son paternel Rodolfo Gucci (Jeremy Irons), vieil homme à la santé fragile. Dès le départ, ce dernier refuse que son fils unique se marie avec Patrizia, menaçant de le déshériter. Mais l’amour est plus fort que tout, et Maurizio épouse Patrizia en 1973. Petit à petit, Maurizio, fraîchement diplômé en droit, réintègre les bancs de la famille Gucci, conseillé par sa femme et aidé par son oncle Aldo (Al Pacino), qui voit en lui un élément prometteur de la firme aux deux G.

Réticent au départ, Maurizio se laisse convaincre et rejoint l’empire Gucci. Mais l’accession au sommet ne se fait jamais sans casse. Poussé par Patrizia, avide de pouvoir, Maurizio trahit les siens. Dans sa quête de suprématie, il finit par évincer son oncle et son cousin de la société, et quitte sa femme devenue trop présente dans ses affaires professionnelles. Le déclin du clan est amorcé. Amours déçues, magouilles fiscales, coups bas et autres mensonges, les Gucci finiront au mieux misérables, au pire entre quatre planches, à l’instar de Maurizio, froidement assassiné en pleine rue un jour de 1995. Un meurtre commandité par son ex-femme Patrizia.

«Une bibliothèque de plans impeccables...»– Emma Raposo

Le destin tragique des Gucci offre sur un plateau tous les ingrédients d’une histoire sulfureuse et captivante par excellence, où la réalité dépasse la fiction. Adapté du livre « The House of Gucci: A sensational story of murder, madness, glamour, and creed » écrit par Sara Gay Forden, le dernier-né de Ridley Scott navigue entre plusieurs genres et emprunte tour à tour au style mafieux et romantique, nous trimballant du « Parrain » aux soap operas, où romance, drame et thriller jouent des coudes.

«House of Gucci» - Ridley Scott revisite le sombre destin de la famille Gucci
Lady Gaga dans «House of Gucci» © 2021 Universal Pictures International Switzerland

Et comptez sur Ridley Scott pour faire le job. Le réalisateur de 84 ans qu’on ne présente plus fait à nouveau briller son savoir-faire. Écrit par Becky Johnston et Roberto Bentivegna, «House of Gucci» est une bibliothèque de plans impeccables à la photographie léchée, savamment rythmés, et couvrant deux décennies de tumultes familiaux en 3 heures. Les remous d’un clan déchiré prenant vie sous les traits de Lady Gaga et Adam Driver, duo improbable à première vue, mais qui fonctionne étonnement bien. Il faut dire que la pop star devenue actrice a révisé sa copie en s’imprégnant du rôle jusqu’à parler avec l’accent italien sur le tournage, mais également hors des plateaux durant plusieurs mois. Si elle avait fait des sceptiques après sa prestation dans «A Star Is Born», elle ralliera les plus frileux à sa cause dans la peau de la fameuse veuve noire, car force est de constater qu’elle s’en sort avec les honneurs.

«Les Gucci finiront au mieux misérables, au pire entre quatre planches...»– Emma Raposo

Alors que le binôme Gaga-Driver convainc, «House of Gucci» nous gratifie par la même occasion de rôles secondaires épiques. On pense notamment au toujours génial Al Pacino, l’oncle bienfaiteur réduit à la misère, ou au méconnaissable Jared Leto, le cousin Paolo, artiste muselé et incompris, personnage haut en couleurs dont beaucoup pensent qu’il aurait sa place dans un autre film. Toujours est-il que même si Jared Leto incarne ce personnage avec un entrain survitaminé, il amène une dimension supplémentaire au récit, pathétique et touchante à la fois, divertissante à souhait. Et quand bien même tous les personnages meublant le film sont de parfaits salauds, Ridley Scott parvient malgré tout à créer une réelle empathie envers ceux de la pire espèce.

4/5 ★

Le 24 novembre au cinéma. Plus d'informations sur «House of Gucci».

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Commentaires 1

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cesar_etoscar

il y a 2 ans

Ne transparaît pas dans cette critique, l'ambition démesurée de Patricia Reggiani. Ne transparait pas non plus dans cette critique la position avant gardiste de l'oncle. Ne transparaît dans cette critique le coté machiavélique de l'oncle qui ouvre la porte au malin !


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