Critique28. Juni 2021
«La Fine Fleur» - Le pouvoir des roses
Deuxième long métrage de Pierre Pinaud après «Parlez-moi de vous» en 2012, «La Fine Fleur» embarque Catherine Frot dans un conte enchanté parmi les roses. Présenté en avant-première au festival du film francophone d'Angoulême en 2020, le film reçoit le label de sélection officiel au festival de l'Alpe d'Huez 2021.
Eve Vernet est créatrice de roses. Autrefois symbole de prestige, elle est maintenant au bord de la faillite. Dans l'espoir de sauver la petite compagnie indépendante, Vera, sa secrétaire de toujours engage trois employés en réinsertion sans aucune expérience.
Dans son nouveau film, Pierre Pinaud parle d'art. Mais pas de celui que nous sommes tant habitués à voir habiter nos écrans. Ici, pas de peinture, de ballet, de chant; non, rien de tout cela, mais des roses ; de toutes les couleurs, de tous les parfums. Cette spécialité française n'avait jusqu'alors pas réussi à trouver sa place sur nos grands écrans. Heureusement pour nous, Pierre Pinaud remédie à cela, et dévoile toute sa passion pour les fleurs. Car oui, notre réalisateur aime son sujet. C'est d’ailleurs cet amour qui l'a poussé à écrire ce film. De ses souvenirs d'enfance à cultiver chez ses grand-parents son carré de jardin, il nous offre un film sensible, où la rose est la star. Tout y est presque prétexte à nous faire découvrir son monde mystérieux. Des scènes quasi documentaires nous expliquent la nature d'une rose de qualité; nous présentent le principe d'hybridation ; nous introduisent dans le prestigieux concours du parc de Bagatelle. Nous saisissons alors la patience et le savoir-faire demandé à ces créateurs de beauté, et nous en sommes que plus admiratifs.
Toute la beauté du sujet nous y est expliquée; la finesse d'une rose de concours, exposée...
Catherine Frot («Marguerite») est Eve Vernet, et elle maîtrise le rôle. Sans jamais disparaître complètement dans ce personnage de chef de petite entreprise, elle le façonne pour en faire sien, et ça lui va comme un gant. C'est madame Dorieux de la maison Dorieux à Montagny, lieu de tournage, qui enseigna à notre actrice ces petits gestes qu'elle semble maîtriser avec le plus grand professionnalisme. Elle sait, et on y croit. Vincent Dedienne, qui avait déjà travaillé avec Madame Frot pour la pièce de théâtre «La Carpe et le lapin» en 2020, joue l'antagoniste avec une légèreté plutôt plaisante. Olivia Côte («Les Gazelles») est Vera, la collaboratrice de toujours.
Les nouveaux employés en réinsertion prennent vie grâce à Marie Petiot («Holly Weed»), Fatsah Bouyahmed («La vache»), et surtout Melan Omerta. Pour son premier rôle dans un long métrage, il est une vraie révélation. Dans la peau de Fred, petit caïd qui se retrouve plongé dans cet univers fleuri, il est sidérant de sensibilité et de subtilité. L'évolution de la relation de son personnage avec celui de Catherine Frot est naturelle et touchante. On regrette peut-être que cette relation prenne le dessus sur tous les autres personnages, dont nous ne connaissons au final que fort peu de choses.
C'est avec grand plaisir que nous nous laissons entraîner dans ce monde si proche, mais si lointain...
«La Fine Fleur» joue avec nos sens, et qu'il est agréable de se laisser emporter par les sons, les odeurs les images. Toute la beauté du sujet nous y est expliquée; la finesse d'une rose de concours, exposée. Le cinéma est le support parfait pour apprécier l’esthétique de la thématique. Les couleurs ressortent à l'écran et nous charment. Mais le film va plus loin et trouve le moyen de nourrir notre odorat. De petits moments de description olfactive nous laissent nous imaginer les odeurs, et nous nous surprenons à humer les mille-et-un parfums qui embaument l'univers d'Eve.
Sans être omniprésente, la musique de Mathieu Lamboley réussi à accompagner parfaitement l'histoire. Les compositions classiques sont contrebalancées par de vieux airs de crooners américains, qui baignent le chaos artistique d'Eve d'une certaine chaleur et de mélancolie. Les talents de rappeurs de Melan Omerta ressortent avec un morceau énergétique qui trouve sa place à la perfection dans le montage. La chanson française n'est pas oubliée, et nous berce de sa poésie. Nous nous laissons porter par toutes ses mélodies qui charment, sans jamais détourner notre attention de l'histoire.
Cette spécialité française n'avait jusqu'alors pas réussi à trouver sa place sur nos grands écrans...
Bien que n'apportant rien de nouveau à la comédie française à penchant sociale, le long-métrage de Pierre Pinaud réussi pourtant à nous divertir. Les personnages sont attachants et justes, l'histoire pleine de rebondissements. Mais c'est la thématique même du film qui nous captive. La création d'une rose est un sujet bien mystérieux pour une grande majorité d'entre nous, et c'est avec grand plaisir que nous nous laissons entraîner dans ce monde si proche, mais si lointain. Nous en ressortons avec un regard nouveau. Une comédie sympathique et légère pour passer un agréable moment de cinéma.
4/5 ★
Le 30 juin au cinéma. Plus d'informations sur «La Fine Fleur».
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