Critique7. Juli 2022

NIFFF 2022 : «Occhiali neri» - Et Dario Argento revient au giallo

NIFFF 2022 :  «Occhiali neri» - Et Dario Argento revient au giallo
© Matteo Cocco - NIFFF 2022

Alors que tout espoir semblait perdu depuis au moins 20 ans de revoir un film à la hauteur de ses premières créations, Dario Argento, un des grands maîtres du giallo et du slasher italien, fait son retour comme réalisateur à 81 ans. Avec «Occhiali neri» («Dark Glasses»), il ne signe certes pas son chef-d’œuvre mais un film-collage qui, en dépit de ses maladresses, épouse la forme d’un bel aboutissement de sa carrière. Un film présenté en première Suisse cette année au Festival international du film fantastique de Neuchâtel.

(Critique d'Eleo Billet)

Rome, l’été, un tueur en série (Andrea Gherpelli) s’attaquant à des travailleuses du sexe est traqué par la police, mais parvient toujours à disparaître avec son van après ses meurtres sordides. Diana (Ilenia Pastorelli), une escort solitaire, est prise en chasse un soir par cet homme et survit de justesse à ses attaques, non sans perdre la vue et provoquer un accident qui rend Chin (Xinyu Zhang), un garçon chinois de 10 ans, orphelin. Dès lors, la jeune femme handicapée va être épaulée par Rita (Asia Argento), une assistante devenue son amie, et la chienne Nerea. Mais Diana réalise bientôt que l’assassin en a toujours après elle et que sa seule chance de survie réside dans son entraide avec Chin.

Une personne aveugle, un enfant, un tueur, telle était la formule de Il gatto a nove code (1971), qui est reprise dans Occhiali neri, disséquée et avec laquelle le réalisateur joue en ne gardant que le squelette. Même si la lumière et le montage sont souvent mal travaillés, ces faiblesses rendent d’autant plus fascinants les éclats du long-métrage et ses idées visuelles qui fusent encore en un patchwork qui interroge les codes dont le réalisateur a si souvent usé : vitré brisée, cris dans la nuit, éclipse solaire, serpents aquatiques et plusieurs morts gores à souhait. Point de figures complexes ou de sombres machinations, seulement une quête de vengeance dont les habituelles victimes sacrifiées sont ici les protagonistes.

Le cœur du film ne réside donc pas dans une enquête tortueuse, d’ailleurs le script d’Argento, Franco Ferrini et Carlo Lucarelli n’en a ni les épaules ni la prétention, plutôt dans l’attachement entre Diana et Chin et leur solitude mutuelle à combler. Ce giallo est aussi plaisant car, quoique kitsch, il modernise bien certains aspects éculés du genre comme le sang irréaliste, les interminables courses-poursuites ou le travail du sexe qui n’est ici jamais une profession diabolisée. L’hypnotisante bande-son électronique composée par Arnaud Rebotini recouvre parfois les dialogues, tout en instaurant une atmosphère tendue qui maintient l’intérêt pendant le troisième acte, un peu plus faible, et amène à une élégante conclusion douce-amère.

3/5 ★

Plus d'informations sur «Occhiali neri».

Bande-annonce

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