Drive My Car Japon 2021 – 179min.
Résumé
Avec des œuvres comme Senses en 2015, ou Asako I & II en 2018 - respectivement prix d’interprétation au festival de Locarno et en compétition pour la palme d’or au festival de Cannes - Ryūsuke Hamaguchi faisait preuve d’un talent unique, annonciateur d’un avenir radieux. Enfin, Drive my car nous arrive, et de pouvoir constater, attendri : ce chef-d'œuvre va bien au-delà de toutes nos attentes. Prix du meilleur scénario au festival de Cannes 2021, cette adaptation de la nouvelle de Haruki Murakami fait maintenant les yeux doux aux Oscar.
Date de sortie
Suisse All.: 6 janvier 2022
Romandie: 22 décembre 2021
Tessin: 10 mars 2022
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Commentaires
Une splendeur de délicatesse, de finesse et de beauté. Trois heures et pas un seul instant d’ennui. Je n’ai pas vraiment envie de raconter ce film, ni d’expliquer ce que les personnages se murmurent bien au-delà de leurs regards, de leurs chagrins, leurs doutes, leurs désirs. Et puis un magnifique hommage à la langue des signes, quand le cœur parle avec les mains, noble et poignant.… Voir plus
“La délicatesse”
Invité à mettre en scène Oncle Vania lors d’un festival à Hiroshima, Yusuke Kafuku se voit attribuer un chauffeur pour des raisons d’assurance. Misaki se chargera de le conduire.
Le prologue semble nous raconter autre chose. Yusuke et sa femme se racontent des histoires en faisant l’amour. Sensualité, trahison, accident et deuil mèneront à la rencontre post-générique entre l’homme de théâtre et celle qui lui servira de guide. Il n’en veut pas de prime abord, préférant rester maître de sa vieille SAAB rouge. « Est-ce parce que je suis une fille ? », lui demande-t-elle sans se décontenancer. Sa douceur lors des changements de vitesse finira par dissiper ses possibles préjugés.
Tout en retenue, le film avance sur une route longue et sinueuse dévoilant peu à peu la profondeur et les peines de ses personnages. Face à son épouse ou ses comédiens, Yusuke, malgré ses remords, ses regrets et ressentiments, n’élèvera qu’une seule fois la voix pour exprimer enfin ses vérités. Mutique et discrète sous sa casquette, Misaki, qui prétend ne rien savoir faire d’autre que conduire, est parvenue à fendre l’armure. Incarnations tchekhoviennes d’Ivan Voïnitski et de Sonia, ils se rapprochent par leurs drames personnels et la confiance acquise. Une étreinte pour sortir du tunnel.
Ni esclandre ni explosion ni fracas, l’art de la délicatesse à la japonaise. Tout est dans la subtilité, au risque de ne pas toujours comprendre la réalisation de Ryusuke Hamaguchi. Il faut prendre le temps d’écouter l’autre et de s’écouter. Fortes et émotionnelles, les scènes jouées en langue des signes sont les plus belles. Car les silences ont souvent plus de poids que les mots.
(8/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 2 ans
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