Pas de vagues Belgique, France 2024 – 92min.
Résumé
Fraîchement nommé, Julien (François Civil) a l’énergie du nouvel arrivant. Encore optimiste, il croit fermement pouvoir faire une différence dans la vie de ses élèves, comme un prof l’avait fait jadis pour lui. Bientôt, les mots d’un poème de Ronsard, passage obligé pour tout écolier de l’Hexagone, vont se transformer en bombe à retardement. Pour expliquer ce qu’est un astéisme, figure de style qui consiste à complimenter une personne en faisant mine de la critiquer, il s’adresse à une élève. Ce n’est qu’un exemple, précise-t-il, or les railleries fusent, les esprits s’agitent. Bientôt un scandale éclate.
Date de sortie
Romandie: 15 mai 2024
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Commentaires
Excellent thriller. L'action démarre tout de suite et la tension ne baisse pas d'un cran tout au long du film. Le scénario tracé au cordeau est au service d'une histoire glaçante, celle d'une accusation injuste qui se referme sur un prof des écoles quoiqu'il fasse, tel du sable mouvant. A recommander, 4/5… Voir plus
“Un métier dangereux”
Professeur débutant dans un collège en banlieue, Julien espère créer du lien avec ses élèves. Mais quand la réservée Leslie dénonce un comportement tendancieux de sa part, ses aspirations et sa personne sont remises en cause.
L’astéisme ou l’art de complimenter l’autre en le blâmant. Sur l’analyse de la rose poétique de Ronsard, maître Julien s’y essaie et fait rougir une mignonne parmi son public. De quoi déclencher l’ironie bruyante de ses camarades sur les premières notes hivernales de Vivaldi. Pas de vagues lui fait comprendre le proviseur, alors que c’est une déferlante qui va s’abattre sur l’ambitieux qui rêvait juste de changer la vie de celles et ceux censés l’écouter.
Il y a peu, Thomas Lilti considérait l’enseignement comme un métier sérieux. Le qualifier de « dangereux » serait ici recevable. Adapté d’une mésaventure vécue par le réalisateur lui-même, le film conte la chute d’un idéaliste impliqué et maladroit qui s’écrase sur les murs dressés par l’administration, la police, les élèves et leurs parents. La classe devient une masse broyant toute autorité par ignorance ou provocation. Seul face au groupe, déconsidéré, humilié et menacé de mort, l’instituteur se raccroche à l’intime pour ne pas sombrer. Un choix que n’avait pas fait l’efficace film allemand La salle des profs qui, sur un sujet différent mais proche, cloisonnait son héroïne entre les murs de l’école, maintenant la confrontation dans ce cadre donné. Chez Lussi-Modeste, les séquences exposant la vie privée de Julien se multiplient et diluent l’intensité.
Dans une mise en scène parfois tapageuse, le réalisateur fait de son alter-ego une sorte de martyre qu’il sanctifierait presque quand il donne la leçon à ses supérieurs ou collègues. Dans le rôle, François Civil s’en sort avec mention, tout comme les jeunes comédiens qui l’entourent. Malgré leur investissement, ce n’est pas avec ce film que l’Éducation nationale parviendra à convaincre de nouvelles recrues prêtes à se sacrifier pour réarmer l’institution scolaire.
(6/10)
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