Souffle Corée du Sud 2007 – 85min.

Communiqué de presse

Souffle

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sombrero2

il y a 16 ans

Absurdes visites. D’une femme blême aux allures d’excentrique, de folle, serait-on tenté de dire, à un assassin dans le couloir de la mort, dont elle ne sait rien. Visites absurdes absurdement tolérées par le condamné, qui ne sait rien non plus de la femme. Que d’absurde en apparence, choses parfaitement compréhensibles en vérité : cette absurdité témoigne d’un profond désarroi ; elle ne fait rien de plus que révéler un irrépressible besoin de se faire entendre, elle est le seul biais par lequel exister, pour l’un comme pour l’autre, dans des univers respectifs décadents – univers carcéral, univers conjugal – ; deux êtres qui sont comme seuls dans un monde en ruines – réunion de leurs univers propres –, ou plus exactement ce sont eux qui sont en décombres dans un monde qui les a dépassés, écrasés. Exister pour mourir. Exister, un instant, le pousser à l'extrême, jusqu'à mourir. Se tuer en existant. On décèle là une forme curieuse de suicide.
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<br>Parlons de la mascarade. Ce théâtre, aux décors joyeux, mais dont la voix frêle et désespérée trahit une tristesse insondable, cette comédie faussement gaie donc, finalement s’effondrera. Rien de plus normal : les décors sont fictifs ; la voix, elle, est on ne peut plus réelle. La voix, les mains déchirent le papier peint. Enfin donc, l’hiver : c’est la chute des masques, l’essentiel dans tout son éclat, sans détours, sans hésitation, ou, comme disait Rimbaud dans son « Adieu » : « la réalité rugueuse à étreindre » ; sauf que, ici, tout d’abord, les corps, puissantes réalités, s’étreignent dans un monde terriblement rugueux ; puis tout se mêle, se confond pour aboutir à ce dont parlait le poète.
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<br>L’hiver, c’est l’embrasement, l’étreinte passionnée, sulfureuse, le déchirement, l’explosion. L’acte sexuel entre ces deux inconnus qu’on commence à cerner, dans un endroit bien sordide, sous l’œil vicieux d’une caméra , ce n’est pas une ultime tentative de fuite d’un monde dans lequel il n’est guère plus possible de vivre, mais plutôt la façon de se réunir pour en fin de compte se détruire mutuellement, s’annihiler, car trop conscients de cette « réalité rugueuse » ; réunir tout le friable pour le faire éclater, parce qu’il n’y a de place pour le friable ; une sorte de ghettoïsation, ghetto qui constitue l’ultime étape avant l’extermination.
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<br>Cependant, alors qu’on ne l’attendait guère, qu’on devinait déjà l’épilogue, la jeune femme trouve une subtile solution, une manière insolite de ne pas sombrer ; mieux, de revivre, ce qu’on aurait cru simplement impossible : quand elle tente d’étouffer le condamné à mort, c’est finalement pour tuer son mari, à travers le prisonnier. Une fois atteint le paroxysme donc, la jeune femme survit. Lui a péri – plutôt devrait-on dire : eux ont péri –, elle a peut-être vaincu : bien qu’accompagnée de son mari, en voiture, elle s’est débarrassée de lui. Par l’autre. Elle chante alors allégrement. La voix de son mari vient se joindre à la sienne. On forme alors mille idées, quant au métrage, quant à ce qui pourrait se passer ensuite, tandis que se termine l’œuvre.Voir plus


sombrero2

il y a 16 ans

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