Dima Niktin, un plombier pragmatique et honnête, vit avec ses parents, sa femme et son fils dans une petite ville russe. Alors qu’il effectue une réparation de routine dans un immeuble surpeuplé, il découvre que le bâtiment est prêt à s’effondrer. Toute la nuit, il va lutter avec sa hiérarchie et les politiciens corrompus pour que les habitants, pauvres et marginaux, soient évacués, mettant en danger son avenir et sa famille.

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S’inscrivant dans une tradition russe de critique sociale réaliste, Yuri Bykov livre un long-métrage dur, mais beau, à la facture classique efficace. Son héros est un idiot — traduction du russe durak —, un naïf qui ne voit pas l’ampleur de la corruption politique qui l’entoure. Mais lorsqu’elle s’impose brutalement à lui, loin de plier, il continue de se battre. Même si sa lutte est vaine et le film assez pessimiste, il ne laisse pas en bouche le goût amer du « tout ça pour ça » ou du « puisqu’on n’y peut rien ». En s’attachant à ce protagoniste pragmatique, qui se bat non pas pour des idéaux mort-nés, mais pour une dignité humaine concrète, le réalisateur réussit une oeuvre coup-de-poing. L’action se déroule en une nuit, concentrant toute la tension dans une attente neigeuse, un contre-la-montre face à l’immeuble qui vacille et les manigances politicardes noyées de vodka. Les édiles, pourtant, ne sont pas si noirs. La maire de la ville, au moment où elle souhaiterait intervenir, se rend compte qu’elle aussi a les mains liées par la corruption : on est toujours l’idiot de plus puissant que soi. Les personnages secondaires tout en finesse, la performance du comédien Artem Bystrov, et une photographie nocturne sublime portent un film dont la morale ne se dessine pas dans l’affrontement, mais dans l’obstination de Dima à agir.