Le Fils de Saül Hongrie 2015 – 107min.
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En 1944, le Sonderkommando est une unité de travail composée essentiellement de prisonniers juifs forcés de participer au processus de la solution finale, en attendant leur propre exécution. Saul est l’un d’eux. Chargé de débarrasser le crématorium, il reconnaît parmi les corps son enfant. Désirant l’enterrer selon le rite, il se met en quête d’un rabbin et va tout tenter pour offrir à son fils une sépulture décente et lui permettre de recouvrer son âme. Il y a des films qui constituent une véritable épreuve faite de douleur et d’émotions vives. A 38 ans et au culot insensé, le Hongrois László Nemes signe l’un d’eux, en réalisant son premier long-métrage. Tourné en pellicule 35 mm, il nous immerge comme jamais dans l’enfer des camps de concentration et brise le tabou de la représentation des chambres à gaz. Une caméra qui s’agrippe aux pas et à la nuque du personnage, ainsi que le choix d’un écran 4/3, lui permettent de focaliser l’image au centre et de flouter les alentours afin d’en montrer le moins possible. Rouage de la machine génocidaire, où tout écart signifierait pour lui la mort, Saul ne se permet plus en l’occurrence de voir l’horreur et la déshumanisation environnantes. Cependant, l’imagination du spectateur et le travail sur le son comblent les vides oppressifs et créent l’étourdissement. Une expérience sensorielle vertigineuse dans laquelle les cris, les coups, les balles et le métal hurlent à nos oreilles et où le soufre et la puanteur de la chair affectent notre odorat. Quelques plans extérieurs sur des arbres et le chant des oiseaux évitent la suffocation pour quelques instants. Mais il n’y a guère d’échappatoire dans cette Histoire. Plus clinicien que poète, le cinéaste ne permettra ni espoir ni réconfort. L’apparition finale d’un angelot et d’un sourire n’auront rien d’un "Deus ex machina". Un film "hantêtant", qu’il faut assurément voir, mais qu’il sera difficile de revoir.
Pensée du jour : le cinéma peut être aussi une épreuve douloureuse.
9/10
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5.5: Hallucinante expérience que ce grand prix cannois venu de Hongrie.
Pour beaucoup de critiques professionnelles, ce film aurait dû recevoir la Palme d'Or. Je ne partage pas ce point de vue.
Indéniablement, la qualité photographique et l'immersion dans Auschwitz suggérée sont saisissantes: l'on suit Saul, juif hongrois déporté membre du Sonderkommando, juifs chargés d'aider les nazis a exterminer leurs semblables religieux, qui en croyant reconnaître son fils mort va vouloir lui offrir une sépulture et, bien malgré lui, va prendre part a une tentative d'évasion.
Je lisais avant la projection un article mentionnant que jamais Auschwitz n'avait été filmée de la sorte et c'est bien vrai: l'horreur est omniprésente mais l'immontrable est représenté par un flou visuel lourd de signification, la caméra est comme attirée par Saul (impeccable Geza Rohrig) et l'absence de musique (uniquement un violon qui marque vers la fin) ainsi que peu de dialogues supprimant le superflu inutile tellement vu sont d'indéniables qualités.
Pourquoi pas la note maximale? Pour une raison personnelle : la liste de Schindler avait, par son noir et blanc, une dimension émotionnel grandissante que je n'ai pas ressentie. Mais ce film est a recommander vivement et particulièrement aux négationnistes s'il y en aurait encore, qui se rendraient compte que nier l'évidence de l'Holocauste est une insulte...… Voir plus
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